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coup de coeur

ABC Mademoiselle

Publié le par Yv

ABC Mademoiselle, Marilyne Mangione, Fabrice Vigne, Ed. Le fond du tiroir, 2009

Abécédaire sensuel dans lequel chaque lettre est représentée par un dessin de femme nue. Chaque femme est dans une position permettant de deviner la lettre. Marilyne Mangione est au dessin. Fabrice Vigne illustre ses œuvres de textes courts. Ou vice versa ? Chaque texte est en deux parties, dans l'une, l'auteur s'adresse à la jeune femme dessinée et dans l'autre, cette jeune femme parle des parties de son corps en rapport avec la lettre qu'elle représente.
Les dessins sont  sensuels, femmes aux formes visibles. Les textes soulignent simplement, mais de jolie manière cette sensualité. Les uns et les autres sont lisibles et visibles par tout public.
C'est un beau livre d'art. La mise en page et les couleurs sont soignées, magnifiques, comme à chaque fois au Fond du tiroir. Le papier est très agréable à toucher, et pour ne rien gâcher du plaisir, il est "50% recyclé et 50% issu des forêts développées durablement". Alors, si vous voulez un bon, beau et original  livre d'art, n'hésitez pas c'est ici. En outre, vous pouvez avoir une dédicace. Épatant, non ?

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Qui comme Ulysse

Publié le par Yv

Qui comme Ulysse, Georges Flipo, Ed. Anne Carrière, 2008
Recueil de 14 nouvelles beaucoup commenté sur les blogs. Georges Flipo nous entraîne dans des voyages, en Amérique du Sud, Thaïlande, en Inde... Il nous raconte avec beaucoup de talent et d'érudition, des moments de la vie de gens "normaux", comme tout le monde. De n'importe quel sujet qu'il traite, on a l'impression que Georges Flipo le maîtrise totalement. Que ce soient les corridas, le jeu d'échec, le tango ou encore le carnaval de Venise. Je ne sais s'il a visité tous ces pays ou étudié toutes ces pratiques, mais il est, pour le moins très bien documenté ! Toutes les nouvelles sont denses, les personnages très bien décrits, intenses, pas toujours recommandables, en pleine interrogation. On sent qu'ils seront, de toute évidence, différents après l'histoire qui leur arrive. En outre, le style et le vocabulaire de Georges Flipo sont riches, mais non prétentieux, pédants. Un vrai plaisir de lecture !
Je soulignerai mes nouvelles préférées : L'île Saint-Absence, (ou comment une jeune fille rêve à sa propre île), Un éléphant de Pattaya, (ou comment un Occidental se comporte en Thaïlande) , La partie des petits saints (une extra-ordinaire partie d'échecs) et La route de la soie (pour les voyageurs immobiles). Mon choix est très subjectif, d'autant plus qu'à part la nouvelle qui donne son nom au livre, Qui comme Ulysse, que j'ai moins aimée, j'ai vraiment énormément apprécié ce recueil. Si vous ne connaissez pas l'auteur, cliquez sur son nom en haut de l'article, vous serez sur son site.

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Lambeaux

Publié le par Yv

Lambeaux, Charles Juliet, P.O.L, 1995 (édité aussi chez Folio)
C'est un récit autobiographique. Charles a été séparé de sa maman encore bébé et placé dans une famille d'accueil, dans les années 30. La première partie est la vie de sa maman biologique et la seconde, sa propre vie, sa douleur et sa difficulté à se construire avec son passé (qu'il n'a appris qu'à 8 ans, lorsque sa "vraie" maman est décédée), malgré l'immense amour donné par  toute sa famille d'accueil et sa seconde maman en particulier. C'est beau. C'est fort. J'ai pris une claque en le lisant. Je ne connaissais pas du tout cet écrivain, mais grâce à Sylire, c'est chose faite.
L'écriture de Charles Juliet est directe, franche, travaillée, il emploie le "tu" lorsqu'il s'adresse à sa mère, mais aussi lorsqu'il parle de lui, ce qui rajoute, à mon sens, de la force et de la proximité avec lui. Pour chaque mot :"D'abord descendre. Encore descendre. Le dégager de la tourbe, ou de la boue, ou bien encore d'un magma en fusion. Puis, le tirer, le hisser, lui faire péniblement traverser plusieurs strates au sein desquelles il risque de s'enliser, se dissoudre. S'il en émerge, enfin, il vient au jour, et quand tu le couches sur le papier, alors que tu le crois gonflé de ta substance, tu découvres qu'il n'est qu'un mot inerte, pauvre, gris. Tu le refuses. Tu redescends dans la mine, creuses plus profond, cherches celui qui apparaîtra plus dense, plus coloré, plus vivace. Ainsi sans fin. Ainsi cet épuisement qui te maintient en permanence à l'extrême de ce que tu peux."
On comprend combien a été douloureuse mais salvatrice pour Charles Juliet, l'écriture. Elle aurait pu l'être aussi pour sa maman, mais la vie et la mort en décident autrement. Alors certes, ce n'est pas un livre drôle, mais Charles Juliet réussi à en faire un livre positif, malgré tout ce qu'il y raconte.
Franchement, si vous devez lire un livre cette année -n'oubliez pas ! Les bonnes résolutions !-, n'hésitez pas vous l'avez devant vous !

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La petite cloche au son grêle

Publié le par Yv

La petite cloche au son grêle, Paul Vacca, Ed. Philippe Rey, 2008
Un garçon de 13 ans, très attaché à sa mère découvre, par hasard un exemplaire de Du côté de chez Swann, de Marcel Proust. C'est une révélation pour lui et pour sa mère qui espère ainsi que son rêve de faire de lui un écrivain pourra enfin se réaliser. Le père, étranger à ce monde de la littérature proustienne y entre à son tour. Dans un très joyeux désordre, s'engage alors une lutte pacifique pour conjurer un mauvais sort qui s'acharne sur la famille et pour que la bonne humeur et la vie persistent, allant même jusqu'à créer des liens entre les gens de cette petite ville, qui n'existaient pas auparavant. Tout cela grâce à Marcel Proust !
J'ai mis un peu de temps avant de prendre la décision de lire ce roman ; j'avais lu beaucoup de chroniques sur divers blogs (trop nombreux pour que je puisse mettre tous les liens. Désolé.) Et puis, un article de plus m'a finalement décidé et je ne regrette rien sauf peut-être de ne l'avoir pas ouvert plus tôt. C'est un très joli roman, plein de bons sentiments, mais pas "gnangnan", plein de douceur, de tendresse et d'amour. C'est très bien écrit, d'une écriture que je trouve à la fois simple et exigeante. Bien sûr, ce n'est pas du Proust, mais il est omniprésent ; Paul Vacca en parle admirablement bien : "[les puristes] penseront toujours que Proust n'a écrit que pour eux, qu'eux seuls peuvent en pénétrer la subtilité, qu'eux seuls le méritent. Sans se rendre compte, une seule seconde, qu'ils se révèlent aussi ridicules que les Verdurin, dont ils se gaussent. Alors au diable les erreurs ! Pourvu que l'on partage du plaisir avec d'autres." Ceci étant, que ceux qui n'ont pas lu Proust (je n'en ai moi-même lu que les deux tiers de Du côté de chez Swann) ne s'alarment pas, cette petite cloche est accessible à vous aussi.

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Quel petit vélo à guidon chromé au fond de la cour ?

Publié le par Yv

Quel petit vélo à guidon chromé au fond de la cour ?, Georges Perec, Denoël, 1966

Après une déception de lecture (un polar anglais), j'ai repris ce tout petit livre au titre extraordinaire dans ma bibliothèque perso. Sûr que le résultat serait de me faire rire et de prendre un plaisir réel, (pari largement réussi !) autant que celui de Perec, j'imagine, lorsqu'il a écrit ce bouquin fou.  Il y joue avec les mots, les détourne de leurs sens, les transforme, avec les phrases en les réécrivant de différentes manières. Enfin, bref, un vrai bon moment de lecture. Maintenant, à quoi bon résumer l'histoire ? Si je vous dis qu'un groupe de jeunes gens amis mettent tout en oeuvre pour éviter à l'un des leurs de partir faire la guerre en Algérie, vous n'aurez alors que le fil rouge du livre, mais le plus important réside dans l'écriture, les vrais trouvailles littéraires de Perec.

Pour tous ceux que cela intéresse, je note toujours l'édition originale, mais ce petit livre (110 pages) est aussi édité chez Folio, donc à petit prix : ce serait dommage de le rater.

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Atelier 62

Publié le par Yv

Atelier 62, Martine Sonnet, Ed. Le temps qu'il fait, 2008


Le résumé du livre est on ne peut plus simple : Martine Sonnet est la cinquième et dernière enfant d'une famille normande. Le père, artisan-forgeron, obligé de quitter son village -plus assez de travail- pour embaucher à la Régie Renault, atelier 62 forges et traitements, réputé comme le plus dur de l'usine de Boulogne-Billancourt. Déracinement normand-enracinement parisien. Années 50/60. Années où tout change : les ateliers se mécanisent, la vie quotidienne aussi.
Ce livre ne ressemble à rien de ce que j'ai déjà lu : mi-récit-mi-documentaire. L'auteure alterne les chapitres. Les uns consacrés à l'usine, en pleine mutation mécanique, écrits comme un documentaire (conditions de travail, relations ouvriers-direction, rapports et références au journal du syndicat de la Régie, ...) ; l'écriture est directe, sèche, descriptive, assez classique. Les autres s'attardent sur l'histoire familiale : l'arrivée à Paris, la figure omniprésente du père ; écriture plus allusive, elliptique : beaucoup de phrases sans verbes, omissions de déterminants ; un parti-pris et un style singuliers.
Soyons directs : j'ai vraiment beaucoup aimé cette lecture, même si les chapitres-usine sont plus difficiles d'accès. Cependant, à mon grand regret, je crains que ce livre ne reçoive pas l'accueil qu'il mérite dans le cadre du prix inter C-E pour lequel il concourt, du fait de sa construction hors du commun.

PS : visitez le site de Martine Sonnet

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La trilogie d'Agota Kristof

Publié le par Yv

Le grand cahier, Seuil, 1986 ; La preuve, Seuil, 1988 ; Le troisième mensonge, Seuil, 1991, Agota Kristof


Cette trilogie se déroule dans un pays en guerre, puis sous occupation étrangère, et enfin, libre. Klaus et Lucas sont jumeaux. Dans le premier tome, ils sont laissés par leur mère chez leur grand-mère qu'ils ne connaissent pas. Celle-ci habite au bout d'une petite ville, près des garde-barrières. Les jumeaux, d'environ 10 ans y font "l'apprentissage de la vie, de l'écriture et de la cruauté" (4ème de couv.)
Ecrit dans un style sec, épuré et direct : pas de mot superflu dans les phrases, pas de figures de style, Agota Kristof va a l'essentiel. Ce premier livre est construit comme une suite de petites nouvelles ayant en commun les personnages, les lieux et qui se suivraient pour former un roman.
Dans le second tome, les jumeaux sont séparés et l'on suit Lucas, resté à la ferme de la grand-mère, tandis que Klaus a traversé la frontière, vers le pays libre. Agota Kristof garde son style sec, mais adopte cette fois, une forme plus romanesque. Elle décrit les affres et les tourments de la séparation et de la difficulté de vivre seul.
Dans le dernier tome, A. Kristof brouille les pistes : les personnages des deux premiers tomes reviennent, mais plus dans les mêmes rôles. On se perd un peu, puis tout redevient clair et limpide. Toujours ce style très particulier, cette ambiance terne et triste.
Pour conclure, j'ai vraiment beaucoup aimé le premier tome, le second également ; le troisième plus est déconcertant au départ (la première partie) mais il reste du même niveau que les autres. Même si l'histoire n'est pas joyeuse, l'écriture d'Agota Kristof vaut vraiment le coup d'être découverte. Personnellement, j'aime beaucoup ce style direct, brut, qui va à l'essentiel.

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Les Giètes

Publié le par Yv

Les Giètes, Fabrice Vigne (texte), Anne Rehbinder (photos), Ed. Thierry Magnier, 2007


Un mot d'abord sur la genèse du livre  : les éditions Thierry Magnier proposent "une série de photographies dont il ignore tout [...] à un écrivain. Il s'aventure alors dans l'écriture d'un roman où ces photographies croiseront la vie du héros pour la transformer."

Donc, muni des photographies très réalistes d'Anne Rehbinder, Fabrice Vigne se lance dans la vie de Maximilien Bertram. Maximilien a 80 ans, vit dans une maison de retraite, et sous prétexte de ranger ses papiers retrouve et reprend l'écriture de son journal stoppée 45 ans auparavant. Il écrit évidemment sur sa vie actuelle et sur la relation privilégiée qu'il entretient avec son petit-fils, Marlon, mais aussi sur son passé, ses espoirs et ses déceptions de militant communiste, de syndicaliste. Ses propos sont émaillés de citations très a-propos de Flaubert qu'il admire. Maximilien est à la fois sans concession, mais ne juge pas, légèrement  désenchanté, mais plein d'espoirs.
Fabrice Vigne maîtrise parfaitement son sujet, ... ses verbes, ses compléments et son style également ! J'avais beaucoup aimé TS et L'échoppe enténébrée et je retrouve dans ce livre le style intelligent, jamais pédant, utilisant un vocabulaire (dont "les giètes", expliqué en plein cœur de l'ouvrage) plus large que la moyenne. J'ajouterai que je me suis attaché à Maximilien et à son entourage que F. Vigne décrit avec beaucoup de tendresse, d'humour et de simplicité. J'aurais aimé continuer un petit bout de route avec lui et j'avoue que j'aurais tellement avoir eu cette relation avec un de mes grand-pères disparus trop tôt.
Pour ceux qui veulent lire de beaux livres intelligents, vraiment, je recommande la lecture de Fabrice Vigne (Sylire aussi). Voir aussi le blog de Fabrice Vigne.

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Tea-Bag

Publié le par Yv

Tea-Bag, Henning Mankell, Ed. Seuil, 2007


Tea-Bag est une jeune Africaine réfugiée, sans papiers, en Suède. Là, elle rencontre Tania, dans la même situation et Leïla, jeune Iranienne brimée par l'éducation traditionnelle de son père. Toutes trois désirent écrire ou raconter leurs parcours. Entre alors en scène un poète de renom, Jesper Humlin, narcissique, préoccupé par sa seule personne et ses poèmes abscons, ne supportant la critique ni sur l'un ni sur les autres. La rencontre entre lui et ces jeunes filles réfugiées est une découverte d'une autre Suède et des Suédois étrangers.
Je connais et apprécie H. Mankell pour ses romans policiers impliquant l'inspecteur Kurt Wallander. Cette fois encore, on retrouve ses thèmes principaux : critique sociale de la Suède, les immigrés, les plus pauvres, ... Tout ce qui est souvent une toile de fond dans ses romans policiers est ici le véritable environnement très présent du livre. Comme à son habitude, Mankell nous gratifie de personnages complexes, en proie aux doutes, aux questionnements existentiels, tout cela dans un style simple et clair. Le résultat est un très bon roman intelligent que l'on pourrait sûrement transposer dans beaucoup d'autres pays dits riches.

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