Pour rire un peu

Il y a quelques jours, j'ai eu une excellente idée, et comme ce n'est pas si fréquent que cela, je vous raconte. Figurez-vous qu'à côté de mon lit, qui est aussi celui de Mme Yv, pas le côté, juste le lit, parce qu'on a bien sûr chacun son côté, j'avais une pile de livres, des dossiers lus que je gardais au cas où. J'ai tout trié et rangé, j'en ai profité pour ouvrir le tiroir du chevet. J'ai jeté, classé, changé de place, donné ou prêté des ouvrages et j'ai retrouvé dans tout ce fatras (en fait dans le tiroir du chevet) deux vieux livres qui étaient à mon papa, que j'avais récupérés et pas forcément lus :
- Pour rire un peu, Histoires plaisantes et jeux d'esprit par Charles Cloix, illustré par JJ Roussau, Éd. Spes, 1939
- Le numéro 83 de la Revue mensuelle intitulée 100 blagues, Rédacteur en chef, Roger Sam, Éd. EGE, 1969
Pas en très bon état, ce sont en fait pour le second, des blagues, courtes, les favorites de gens connus, comme par exemple celle de R. Queneau :"Un explorateur blanc a été capturé par une tribu d’anthropophages ; on le juge à point et on l'installe dans une grande marmite. Au moment d'allumer le feu, le cuisinier s'approche et demande :
- Comment te nommes-tu ?
- Je ne vois pas ce que cela peut te f... rétorque l'explorateur, en haussant les épaules.
- C'est pour le menu..." (p.47)
Pour le premier livre cité, le début est construit avec des textes d'auteurs connus, comme G. Courteline, T. Bernard, M. Twain, et d'autres oubliés ou moins connus. De petites nouvelles à chute, drôles. La grosse seconde partie du livre est consacrée à des histoires drôles, des devinettes, des charades, des histoires racontées par Alphonse Allais par exemple :
"Alphonse Allais, apercevant un jour devant un café un brave homme qui avait toutes les apparences d'un provincial, s'approche de lui, le chapeau à la main, et lui demande :
- Monsieur, pourriez-vous me prêter dix louis ?
Le provincial, stupéfait :
- Mais, monsieur, je ne vous connais pas !
- C'est bien à cause de cela que je m'adresse à vous, réplique Allais avec flegme. ceux qui me connaissent ne veulent plus rien me prêter." (p.147/148)
C'est évidemment daté voire très daté et démodé, mais ça me rappelle les Almanachs Vermot que je lisais gamin, pendant les vacances, et ce genre de vieux livres qu'on trouvait dans les greniers ; on s'amusait avec mes frères et sœurs à se poser les devinettes, à se lire les histoires drôles, et aussi à regarder les dessins humoristiques et un peu sexy dans lesquels des femmes adultères, nues, aux formes généreuses se faisaient surprendre par leur mari en pleins ébats et ne manquaient jamais d'aplomb. L'amant était souvent un jeune homme un peu naïf et couard au contraire de sa maîtresse. Les cougars avant l'heure qui pouvaient s'écrier évidemment : "Ciel, mon mari !"
Voilà voilà voilà pour cet article nostalgique qui risque de me faire passer pour un vieux schnock auprès de tous les très nombreux jeunes qui lisent mon blog (il y en a quelques uns si j'en juge par les mots-clefs utilisés pour accéder à mes billets, du genre "résumé La folie Giovanna" ou "explication de texte Agota Kristof" ou encore, très récemment, "commentaire composé Charles Juliet l'année de l'éveil"), mais tant pis j'assume mon côté vieux con et ma minute nostalgique. Alors, si vous avez un grenier ou si vos parents -voire vos grands-parents pour les plus jeunes d'entre vous- ont un grenier, n'hésitez pas, allez le fouiller, il y a des petits trésors de drôleries désuètes à relire le sourire aux lèvres.