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Recherche pour “le péril vieux”

Toutes des chieuses ? Les filles expliquées aux garçons

Publié le par Yv

Toutes des chieuses ? Les filles expliquées aux garçons, Candice Lavoisine et Monsieur B, Hugo/Desinge, 2014...,

Un guide pour les filles, pour qu'elles puissent s'assumer en tant que chieuses voire même le revendiquer ou encore s'entraîner pour le devenir. Un guide pour les garçons pour comprendre les filles au moins tenter de la faire et vivre avec elles. 

Une bande dessinée format roman qui surfe sur la vague les différences entre garçons et filles, et qui ajoute la différence de génération, à savoir que les filles d'aujourd'hui ne sont pas celles d'hier et a fortiori d'avant-hier. Ni les hommes d'ailleurs ne sont semblables à leurs prédécesseurs, encore que là, la différence est moindre. Dès lors, on n'échappe pas à quelques clichés et propos maintes fois entendus ou lus, mais le ton employé ainsi que les dessins font que cette BD est bien sympathique. Si vous avez aimé Joséphine, pas l'ange-gardien, l'autre, celle de la BD de Pénélope Bagieu, vous devriez aimer cette nouvelle fille de BD. Au moment où j'écris cette chronique, ma fille la lit et rit beaucoup, je me dis donc d'abord qu'elle est sans doute plus destinée à un public jeune et ensuite et par conséquent que je ne suis plus jeune même si j'ai apprécié cette lecture -je ne sais pas si je suis très clair. Beaucoup d'humour et de dérision qui néanmoins font passer un message sur l'égalité des sexes, sur le combat des femmes pour la conquérir et pour la garder. Un message toujours d'actualité, à asséner tellement certains sont obtus et cons.

Beaucoup de belles réparties, comme lorsque le patron de Candice lui dit à propos de son travail d'artiste et de Mai 68 : "Ah, c'était l'bon temps : celui des vrais artistes, celui des esprits rebelles qui savaient innover..." et qu'elle lui répond : "Celui où vous luttiez contre ce que vous êtes devenu ?" Ou celle lorsqu'elle est dans l'un des très nombreux magasins de cigarettes électroniques : "OK ! Et des joints électroniques, vous vendez ?". Des dialogues drôles, enlevés très bien mis en dessins. J'aime le trait mi réalité-mi-caricature, l'emploi quasi exclusif de trois couleurs : noir, gris et orange, les visages expressifs, les situations plus ou moins cocasses, les petites vacheries, les vengeances ou tentations dont on ne peut être fier. Bref, une BD plutôt réussie qui fera sourire les plus vieux -comme moi- et rire les plus jeunes sans doute plus ciblés et plus au fait de certaines références ou allusions.

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La casse

Publié le par Yv

La casse, Marc Ménis, Ravet-Anceau, 2014... 

Dans les années 50 ou 60, une jeune fille est prise en stop par un homme charmant qui l'emmène chez elle, la séquestre, abuse d'elle et la tue.

De nos jours, une jeune punk qui squatte l'ancienne gare de triage de Lille est retrouvée morte, assassinée. Le commissaire Sandre prend en charge cette affaire, assisté du capitaine Morel, des lieutenants Jérémie Tchang et Milena Nowak. Bientôt, dans un jardin d'un vieux quartier de Lille deux squelettes sont découverts, c'est Morel qui prend l'enquête. 

Marc Ménis est Lillois, féru de rock, comme son commissaire Sandre qui écoute Les Ramones à fond dans sa voiture. La casse, son premier roman, n'est pas totalement abouti, mais il contient de belles promesses. Il est assez long à démarrer et ne devient vraiment intéressant qu'aux alentours de la page 8O lorsque les deux squelettes sont déterrés et que le capitaine Morel se charge de l'enquête. Avant, ça ronronne, ça s'allonge en des considérations pas toujours palpitantes. Puis, petit à petit, les personnages prennent du corps et de l'épaisseur, Sandre et Morel en particulier, mais leurs histoires peinent encore à s'intégrer de manière fluide dans le récit : elles sont présentes, mais arrivent parfois comme un cheveu sur la soupe, sans transition.

Autre constat : l'intrigue des corps enterrés cinquante ou soixante ans plus tôt, nous dit Marc Ménis, touche et remue ses deux flics, mais le problème c'est qu'on ne le sent pas vraiment, il aurait été judicieux, plutôt que de nous le dire plusieurs fois de nous le faire ressentir par le comportement d'iceux, leurs questionnements... Le choix de deux enquêtes séparées n'ayant rien en commun me plaît bien, on a tellement l'habitude de voir deux dossiers totalement opposés se rencontrer en fin de volume, parfois de manière artificielle, au moins Marc Ménis évite l'écueil. Son roman est très réaliste, ancré dans le temps. 

J'ai l'impression d'avoir lu un roman policier inachevé, un plan très détaillé et très prometteur, une bonne base pour un roman d'une autre envergure. Les idées, les personnages et l'écriture de Marc Ménis, sa fluidité, sa simplicité à la fois classique et moderne me donnent à penser que ce premier roman ne sera pas le dernier et que les bonnes choses aperçues dans ce livre reviendront développées et musclées dans un prochain opus.

 

 

polars 2015

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Tue ton patron

Publié le par Yv

Tue ton patron, Efix, Jean-Pierre Levaray, Petit à petit, 2012.....

Paul Lafargue est un employé de la gigantesque entreprise FFI. Mais sous d'autres pseudonymes tout aussi marqués que Paul Lafargue (voir l'excellent livre Le droit à la paresse) : Guy Debord ou Marius Jacob, il épie le grand patron pour connaître ses habitudes, son univers. Son but : le tuer. C'est lui qui a licencié Paul et pas mal de ses collègues après vingt-cinq années données à l'usine. C'est lui, qui pour s'enrichir davantage et enrichir davantage les actionnaires décide de qui doit aller pointer au chômage, qui doit foutre sa vie en l'air car se recaser après tant d'années d'usine, ce n'est pas facile. Pelletier-Raillac, le patron, est un requin, d'un mépris sans borne pour les petits. Il doit mourir.

Après les tomes 1 Putain d'usine et 2 Les fantômes du vieux bourg, voici le tome 3, mais tout peut se lire indépendamment. Et je retrouve quelques années après mes lectures des eux premiers numéros, tout ce que j'ai aimé. Un bande dessinée engagée, sociale dans un univers noir. Tout est noir, même les dessins, superbes. Les techniques et manœuvres du grand patronat pour licencier et gagner plus sont bien décrites,. Elles sont connues, mais aucun gouvernant ne fait quoi que ce soit pour les empêcher. Les profits explosent et les licenciements aussi. Je n'irai pas forcément jusqu'à conseiller de tuer son patron, mais l'exaspération, la colère, la désillusions sont telles qu'elles peuvent entraîner de telles pensées. C'est ce que montrent formidablement Efix par ses dessins et JP Levaray par son histoire.

Comme les numéros précédents, c'est une bande dessinée importante et marquante, réaliste et sociale, humaine qui en plus est très belle. Je me suis laissé dire que la maison Petit-à-petit sortait une version intégrale des trois tomes. Pourquoi résister ?

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Poussière tu seras

Publié le par Yv

Poussière tu seras, Sam Millar, Fayard, (traduit par Patrick Raynal), 2009.....

Jack Calvert, ex-flic devenu peintre ne se remet pas du décès accidentel de sa femme un an auparavant. Lors d'une de ses nombreuses et denses cuites, son fils Adrian, adolescent, sort et découvre  dans la forêt de Barton, un os d'apparence humaine à côté d'un corbeau mutilé.

Deux vieux barbiers de la ville Joe et Jeremiah tentent de survivre dans un monde qui les a dépassés, des virtuoses du coupe-choux...

Sam Millar, ancien combattant de l'IRA a passé quelques années en prison, ceci est son roman d'entrée dans le noir. Superbement traduit par Patrick Raynal, il est éprouvant. C'est un vrai coup de poing, littéralement. On est presque groggy en en sortant tant l'ambiance est glauque, ouateuse d'un brouillard qui ne se lèverait jamais, je pourrais dire comateux si tant est que ce qualificatif puisse s'appliquer à un polar. Peu d'espoir, peu de lumière et pourtant, on en voit une sur la couverture, pas naturelle, mais serait-ce l'infime dose qui suffit pour ne pas sombrer dans une déprime totale ? J'exagère un peu, à peine. Ceci étant dit, ce bouquin est du genre qu'on ne lâche pas. Il fait frissonner, et l'on se sent bien sur son canapé ou ailleurs, loin des environs sombres de Belfast.

L'écriture est précise, va au plus court. Sam Millar sait qu'il va toucher et n'en rajoute pas dans le gore, les descriptions morbides et sanguinolentes, il n'en a pas besoin. De courts chapitres qui alternent les narrateurs, un coup Jack et/ou Adrian et un autre Joe et/ou Jeremiah, qui donnent du rythme et permettent de souffler. Je vais peut-être lire un truc un peu plus léger maintenant, histoire de revenir un jour à Sam Millar, parce que le pire, c'est que j'en redemande, et pourtant je n'aime ni me faire peur ni me faire du mal.

Juste la première phrase pour mettre en appétit : "Adrian Calvert fit l'horrible découverte à moins d'un mile de chez lui, à Barton's Forest, dans les environs de Belfast, là où les arbres couverts de neige se tricotaient à l'infini, immenses sous le plafond des nuages." (p. 11)

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Retour à Ithaque

Publié le par Yv

Retour à Ithaque, Leonardo Padura, Laurent Cantet, Métailié, 2020.....

Sur une terrasse de La Havane, cinq amis cinquantenaires se retrouvent à l'occasion du retour de l'un d'eux d'un exil de seize ans en Espagne. Il y a Amadeo, l'exilé, écrivain qui n'écrit plus, Tania ophtalmo qui peine à joindre les deux bouts, Rafa peintre sans inspiration, Aldo ingénieur obligé de travailler clandestinement et Eddy trafic en tous genres. Ces retrouvailles sont aussi le moment de règlements de compte entre eux, des comptes vieux de seize ans et même plus, des rancœurs, des peurs, des doutes...

Ce livre est le scénario écrit par Leonardo Padura, du film du même titre réalisé par Laurent Cantet en 2014. J'avais un peu peur de l'ennui néanmoins rassuré par Leonardo Padura. Et c'est lui qui l'a -et m'a-emporté. Scénario excellent qui m'a tenu sans aucun souci et m'a donné envie de voir le film, l'incarnation des personnages tous attachants ou agaçants à certains moments. Dès le début, on sent que Tania en veut à la terre entière et en particulier à Amadeo d'avoir quitté Cuba et ses amis. Puis c'est au tour d'Eddy de passer sur le grill des sarcasmes et critiques, parfois virulentes. On sent que cette agressivité est liée à une peur, à l'abandon de son ami. C'est extrêmement bien fait, les rapports entre les cinq évoluent doucement au cours de la soirée, passant comme on le dit couramment du rire aux larmes. Tout y passe, l'amitié, la trahison, la mort, la vie difficile à Cuba en général et pour les artistes et intellectuels qui ne peuvent s'exprimer librement, la désillusion puisque ce qu'a promis le régime n'est jamais advenu. Chacun y va de son avis, blézimarde, reprend le fil de sa pensée, accuse, se défend et prend la défense. Mais toujours l'amitié est là qui protège ces cinq-là, même lorsqu'ils se disent des vérités difficiles à entendre.

C'est très dialogué, normal pour un scénario, mais La Havane est très présente, et Cuba et ses espoirs et déceptions.

Ce scénario est complété de chapitres qui racontent la genèse du film, son tournage et l'après.

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La cité des rêves

Publié le par Yv

La cité des rêves, Wojciech Chmielarz, Agullo, 2020 (traduit par Erik Veaux).....

Le cadavre d'une étudiante en journalisme est retrouvé au pied des immeubles d'une résidence surveillée pour gens aisés de Varsovie. C'est Jakub Mortka, dit Le Kub, assisté de Anna Suchocka, dite La Sèche, qui enquête. Un meurtre apparemment simple à résoudre, surtout lorsque la coupable toute désignée se rend, mais Mortka a des doutes. Et quand Le Kub a des doutes, il creuse, ce qui ne fait pas les affaires de tout le monde.

Quatrième aventure du Kub, et cette fois-ci, plongée dans le délicat et et tendre monde politico-médiatique. Wojciech Chmielarz ne fait pas dans le tous pourris et je lui en sais gré, ce serait trop facile. Le Kub mène son enquête, minutieusement ne voulant passer à côté de rien et, chemin faisant, d'autres histoires se font jour. Il y a aussi son collègue, Kochan, mis au placard et qui revient s'occuper des vieux dossiers qu'il parvient à résoudre rapidement, ce qui ajoute un peu de piment à l'histoire.

C'est la Pologne actuelle que décrit l'auteur, son pays qui est entré dans l'Europe, mais d'un seul pied, l'euro n'y est pas encore la monnaie officielle, ses relations tendues avec l'Ukraine, cette dernière ne voulant pas reconnaître un massacre de Polonais pendant la guerre par des nationalistes ukrainiens. Un polar et une série ancrés dans leur époque et leur pays qui nous le font découvrir, pourtant pas si loin de chez nous. C'est étonnant de voir qu'un polar polonais peut nous paraître plus exotique qu'un polar étasunien.

J'aime beaucoup cette série et son héros récurrent, Le Kub qui semble s'assagir un peu, sans quitter ses indignations et ses colères pour autant, il les canalise mieux. Il évolue au fil des livres et je trouve cette idée excellente. Je parierais, au vu de la fin de ce volume, que d'autres suivront. Chic. A noter le beau travail des éditions Agullo et la traduction d'Erik Veaux, qui s'y colle depuis le premier tome.

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Le Triskel volé

Publié le par Yv

Le Triskel volé, Miguelanxo Prado, Casterman, 2020 (traduit par Anne Cognard).....

Des lucanes cerfs-volants apparaissent en grand nombre dans une chênaie, mettant à jour, sur les écorces des arbres des runes. Artur Rego, jeune chercheur stagiaire trouve par hasard, les notes d'un vieux professeur sur un monde ancien peuplé d'êtres magiques, des anges et des démons. Le moyen pour ces êtres de renouer avec leurs pouvoirs est de mettre la main sur un Triskel disparu depuis des années mais beaucoup de personnes semblent à la recherche du talisman.

Après, entre autres, un polar Proies faciles, Miguelanxo Prado se lance dans le conte, la fable. Et après un album noir et blanc, il use d'une palette de couleurs très large et vive ainsi que la couverture le laisse imaginer. A part une toute petite réserve quant à la police de caractères choisie pour les êtres magiques un peu difficile à lire, je n'ai rien à dire, j'ai beaucoup aimé. Les dessins et la couleur d'abord, c'est souvent par cela qu'on entre ou pas dans une bande dessinée. Les visages des personnages sont enrichis de traits fins et noirs soulignant les rides, les plis, les arêtes ; je ne saurais pas dire ce que ça leur apporte, mais c'est un détail qui m'a marqué.

L'histoire puise dans les légendes et notamment celtiques puisque Triskel il y a, mais elle s'inspire surtout de l'état actuel du monde ou l'état du monde actuel, je ne sais quelle formulation choisir, donc je mets les deux. L'urgence climatique, la dégradation de la planète due aux activités humaines, on peut comprendre que certains êtres supérieurs, magiques aient des envies de génocide humain pour sauver les autres êtres vivants et la Terre. Je me demande comment certains peuvent encore nier cette urgence et l'absolue nécessité de changer de société. Le profit, la consommation, certes, mais à qui profiteront-ils puisqu'on s'approche du mur à grande vitesse ? C'est sur ces idées qu'est construite la fable de Miguelanxo Prado. Un superbe album lisible dès l'adolescence et jusqu'à un âge très avancé.

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Blue moon

Publié le par Yv

Blue moon, Damir Karakaš, Belleville, 2020 (traduit par Chloé Billon)....,

Années 80, dans ce pays qui s'appelait encore la Yougoslavie, Charlie a quitté son village des montagnes pour Zagreb, pour y suivre très épisodiquement des études en agriculture. Sa véritable passion, c'est le rockabilly et la coiffure inhérente au genre, la banane. Son père, rustique, brutal et pas très ouvert, ne supporte pas de voir son fils accoutré comme un rockeur. Ils en viennent aux mains pendant l'enterrement du grand-père de Charlie. Puis Charlie retourne à Zagreb, zone, rencontre Eli avec laquelle il s'installe bientôt.

Roman d'un monde qui bientôt n'existera plus, puisque la guerre séparera les communautés de ce pays en plusieurs pays. Charlie est croate, son meilleur ami, Jimmy est serbe et aucun ne s'interroge sur leurs origines. Charlie est un étudiant pas forcené qui se pose pas mal de questions, qui renâcle devant les études, le travail, l'engagement avec Eli. Ce sont les événements qui le font avancer, il ne subit pas mais ne fait rien ni pour les contrer ni pour les provoquer. C'est la vie qui avance et il réagit plus ou moins bien devant chaque fait.

C'est un roman à l'écriture moderne, rock'n'roll pourrais-je dire. Damir Karakaš use d'un langage oral pour raconter son pays d'avant la guerre. Malgré la relative insouciance de ses anti-héros , le climat qu'il décrit est pesant. Il y a d'une part cette guerre qui se profile, surtout dans la seconde partie et d'autre part le conflit de génération renforcé par l'attrait de la ville et de la modernité de la génération de Charlie et la ruralité parfois fruste de son père, l'instruction opposée au quasi illettrisme de certains vieux ruraux.

Un très bon roman, sous-titré Rhapsodie rockabilly dans la Croatie des 80's, que je conseille, qui me permet de découvrir les éditions Belleville et qui débute ainsi :

"L'une de mes connaissances, lui aussi rockabilly, a appris la mort de sa mère au salon de coiffure, à la moitié de sa coupe.

Quant à moi, j'ai appris la mort de mon grand-père la brosse à la main. Je venais tout juste de me laver les cheveux et je me sculptais une nouvelle banane devant le miroir quand le téléphone s'est mis à sonner, sans s'arrêter." (p. 7)

PS : livre disponible sur le site de l'éditeur.

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Le Grand Hôyel Babylon

Publié le par Yv

Le Grand Hôtel Babylon, Arnold Bennett, Les moutons électriques, 2014 (traduit par Lise Capitan)

Le Grand Hôtel Babylon, ouvert par Félix Babylon est à Londres, sur les bords de la Tamise. C'est l'hôtel le plus fameux au monde, toutes les têtes couronnées y descendent ainsi que les riches vacanciers. A la fin du XIX° siècle, Londres est la ville où il faut être. Lorsque Nella Racksole, la fille du richissime homme d'affaires étasunien Theodore Racksole dédaigne le menu raffiné et commande un steak arrosé d'une bière de son pays, Jules, le maître d'hôtel garde son calme mais refuse catégoriquement de servir. Vingt minutes plus tard, au terme d'une discussion avec Félix Babylon, Theodore Racksole est le nouveau propriétaire de l'établissement et exige d'être servi d'un steak. Mais tenir un hôtel de ce standing ne s'improvise pas, surtout lorsque après s'être séparé de Jules, c'est la réceptionniste qui s'en va.

Arnold Bennett (1867-1931) est un écrivain et un journaliste qui considère les feuilletons de l'époque comme faibles ; il en écrit un et le publie en 1902, Le Grand Hôtel Babylon.

Confinement oblige, je l'ai lu en numérique. Pas enthousiasmé au départ, je me suis vite fait prendre par le ton léger et volontiers sarcastique de l'auteur lorsqu'il décrit les riches Américains qui n'ont pas la distinction des Britanniques ni leur éducation et leur élégance, mais l'arrogance de la richesse vite acquise.

Et une fois mordu à l'hameçon, difficile de résister à tourner les pages -virtuellement. A chaque chapitre -et il y en a plus de trente, courts- son lot de rebondissements et de surprises. Ceux qu'on croyait les gentils ne le sont peut-être pas tant que cela et vice-versa, même si rien n'est vraiment sûr. On se promène entre le Grand Hôtel à Londres et une maison surprenante à Ostende, en bateau entre les deux pays ou sur la Tamise. A chaque fois, l'aventure est au rendez-vous. Et pour ne rien gâcher, le langage est d'une grande élégance, un peu comme un Britannique en pleine action qui ne se départit ni de son calme ni de son flegme ; c'est sûrement un cliché, mais c'est l'image de certains vieux films qui me vient pour décrire l'écriture et le ton du roman.

Excellent jusqu'au bout, un livre idéal pour la détente.

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