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Atelier 62

Publié le par Yv

Atelier 62, Martine Sonnet, Ed. Le temps qu'il fait, 2008


Le résumé du livre est on ne peut plus simple : Martine Sonnet est la cinquième et dernière enfant d'une famille normande. Le père, artisan-forgeron, obligé de quitter son village -plus assez de travail- pour embaucher à la Régie Renault, atelier 62 forges et traitements, réputé comme le plus dur de l'usine de Boulogne-Billancourt. Déracinement normand-enracinement parisien. Années 50/60. Années où tout change : les ateliers se mécanisent, la vie quotidienne aussi.
Ce livre ne ressemble à rien de ce que j'ai déjà lu : mi-récit-mi-documentaire. L'auteure alterne les chapitres. Les uns consacrés à l'usine, en pleine mutation mécanique, écrits comme un documentaire (conditions de travail, relations ouvriers-direction, rapports et références au journal du syndicat de la Régie, ...) ; l'écriture est directe, sèche, descriptive, assez classique. Les autres s'attardent sur l'histoire familiale : l'arrivée à Paris, la figure omniprésente du père ; écriture plus allusive, elliptique : beaucoup de phrases sans verbes, omissions de déterminants ; un parti-pris et un style singuliers.
Soyons directs : j'ai vraiment beaucoup aimé cette lecture, même si les chapitres-usine sont plus difficiles d'accès. Cependant, à mon grand regret, je crains que ce livre ne reçoive pas l'accueil qu'il mérite dans le cadre du prix inter C-E pour lequel il concourt, du fait de sa construction hors du commun.

PS : visitez le site de Martine Sonnet

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Monsieur Pain

Publié le par Yv

Monsieur Pain, Roberto Bolano, Les allusifs, 2004


Voici la quatrième de couverture : "Paris, avril 1938. [...] le poète Vallejo se meurt, possédé d'un hoquet incurable. Surgit alors un homme étrange aux poumons brûlés, acupuncteur féru de sciences occultes, Pierre Pain, qui eût pu arracher Vallejo à la mort."


Je pensais qu'avec cette approche et le style résolument décalé des Allusifs, je m'intéresserais à l'histoire. Que nenni ! Je n'ai pas réussi à entrer dedans. De trop nombreuses digressions m'ont rendu la lecture incompréhensible. C'est pourtant une écriture classique, agréable, et une époque qui me plait, mais j'ai fini en diagonale, très vite.

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Comme une tombe

Publié le par Yv

Comme une tombe, Peter James, Panama, 2006


Michael Harrison enterre sa vie de garçon avec quatre de ses amis. Enclin à faire des blagues de très mauvais goût à ses camarades, ceux-ci, cette fois-ci ont bien l'intention de se venger, en toute amitié. Pour lui donner une bonne leçon, ils font donc le tour des pubs de la région, le saoulent et décident de ... l'enterrer vivant, dans un vrai cercueil recouvert de terre et d'aller le déterrer deux heures plus tard lorsqu'ils auront visité d'autres pubs. Seulement, l'enterrement fait, ils ont un accident de voiture : trois d'entre eux meurent et le quatrième est en soins intensifs. Voici donc Michael enterré vivant sans que personne ne le sache. Affolée de sa disparition, Ashley, sa fiancée fait appel à la police. Le commissaire Roy Grace est sur l'affaire.
Voilà un roman policier comme je les aime : une belle idée de départ, des personnages fouillés, très bien décrits aussi petits soient leurs rôles dans l'histoire ; idem pour les lieux. Je ne suis pas forcément adepte des comparaisons, mais j'en vois une évidente avec les enquêtes de Kurt Wallander, héros de Henning Mankell (ce qui est un compliment pour moi, car je place Kurt Wallander en tête de mes enquêteurs préférés). Les paysages nordiques en moins, mais la pluie, la campagne, les villes et les pubs anglais en plus. On suit toute l'enquête au rythme de Roy Grace -même si on en sait plus long que lui- on voit aussi les fausses pistes, les questionnements. Evidemment, je ne raconterai pas la fin, mais de rebondissements en rebondissements, elle finit par arriver et elle ne déçoit pas. Signe de qualité pour un polar. Merci à Ys pour son conseil de lecture.

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Les quatre vérités

Publié le par Yv

Les quatre vérités, David Lodge, Rivages, 2000


Je ne connaissais pas du tout David Lodge et en visitant le blog de Keisha, j'ai vu son billet enthousiaste. J'ai donc sauté le pas. Dans Les quatre vérités, quatre personnages : Adrian, un écrivain qui ne se remet pas  d'un succès des années auparavant, sa femme Eleanor, un ami du couple, Sam, scénariste pour des séries et feuilletons télévisés et Fanny, une journaliste effrontée et féroce. Tout commence par un article très méchant écrit par Fanny sur Sam. Celui-ci, meurtri demande à son ami Adrian de le venger en rencontrant Fanny. C'est un roman (plus exactement, une novellisation de David Lodge d'une de ses pièces de théâtre ) drôle, caustique. Aucun des personnages n'est tout blanc ou tout noir. A chacun son petit secret. En prime et en toile de fond du roman, David Lodge s'intéresse à la différence entre la Littérature avec un grand "L" et les exigences médiatiques. Savoureux.

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J'aime pas les autres

Publié le par Yv

J'aime pas les autres, Jacques A. Bertrand, Julliard, 2007


J'ai connu Jacques A. Bertrand, il y a une petite quinzaine d'années avec un très beau livre : Le pas du loup, écrit après la mort de sa mère. Dans J'aime pas les autres, Jacques A. Bertrand change de registre et nous livre, à travers la vie d'Anatole Berthaud de la petite école à la grande, une chronique sur l'apprentissage d'un jeune homme dans les années 50/60. La vie du narrateur aurait pu être heureuse s'il n'y avait pas... les autres. C'est un petit livre très plaisant, entre roman et autobiographie, bourré d'humour et de digressions très drôles, dans lesquelles l'auteur nous donne son avis sur des sujets aussi divers que la philosophie, le gruyère et le champagne, la cigarette, l'appartenance à un groupe, ... Si vous voulez vous détendre après une lecture difficile, voici le bon remède : lisez Jacques A. Bertrand.

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Le chemin des sortilèges

Publié le par Yv

Le chemin des sortilèges, Nathalie Rheims, Ed. Léo Scheer, 2008


"Un jour, il est parti. Lui qui l'avait vue naître et accompagnée depuis toujours, il s'est retiré dans la solitude.
Dix ans plus tard, elle retrouve sa trace et le rejoint pour comprendre ce qui s'est passé. Dans une maison aux apparences trompeuses commence un huis clos où les cauchemars se confondent avec le réel.
Les souvenirs resurgissent à travers les contes de fées qu'une main invisible dépose chaque soir à son chevet."

Extrait de la quatrième de couverture, qui permet d'introduire au mieux cette histoire. Voici donc un roman lent, à l'écriture simple, sans effets de style ; c'est heureux d'ailleurs parce que cette écriture et cette lenteur permettent d'accéder plutôt aisément à un livre à la construction parfois déroutante, oscillant entre réalité, rêves et cauchemars. C'est aussi ce qui fait son originalité, ainsi que l'évocation et l'utilisation des contes de fées comme révélateurs des souvenirs. On avance lentement dans la mémoire de la narratrice et l'on ressent, au fil des pages, quantités de secrets et non-dits. Nathalie Rheims parle de la vie/la mort, l'amour, le désir d'enfanter ou non, la jalousie. Tout y est traité directement, mais pudiquement. Je n'aurais qu'une seule réserve, assez minime, c'est que j'ai senti une petite longueur d'une dizaine de pages (en abordant le conte La petite princesse), mais vite dissipée car assez proche de la fin du livre, qui elle, m'a repris et remis dans le livre.
Pour résumer : une belle découverte ce livre de Nathalie Rheims (que je ne connaissais que de nom, même si elle écrit là son dixième livre !) ; si vous voulez une lecture qui change un peu de vos lectures habituelles, n'hésitez pas !
Sylire et Brize vous donnent aussi leurs avis.

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Swap

Publié le par Yv

Swap, Antony Moore, Ed. Liana Levi, 2007


A 12 ans, Harvey Briscow échange une BD, Superman numéro un, contre un cylindre en plastique à Charles Odd, dit Bleeder, le souffre-douleur de l'école. 20/25 ans plus tard, Harvey est propriétaire d'une boutique spécialisée en BD et rêve ce Superman numéro un qui a atteint une côte très haute. Il profite d'une réunion d'anciens élèves pour revoir Bleeder et lui reparler de cet échange. A partir de là, les événements s'enchaînent et rien ne va plus pour Harvey.
Sur une idée de base intéressante et une intrigue bien menée, l'auteur nous écrit un long (trop long) polar ; beaucoup de passages pourraient être allégés sans que l'histoire, l'intrigue et la psychologie des personnages en pâtissent. Je ne trouve pas non plus cet humour noir, ce roman "délectable -extrêmement drôle" que l'on nous promet en quatrième de couverture. En résumé : bien, sans plus !
Lu dans le cadre du prix inter C-E.

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Val de Grâce

Publié le par Yv

Val de Grâce, Colombe Schneck, Stock, 2008


Je connais et apprécie Colombe Schneck pour ses émissions télé et radio (J'ai mes sources, sur France Inter). Je savais qu'elle avait écrit un bouquin, et finalement je m'aperçois qu'elle en est à son troisième. Dans Val de Grâce, elle revient sur son enfance dans un appartement, quartier Val de Grâce à Paris. Le déclencheur ? La maladie de sa mère qui l'entraîne vers une mort rapide certaine. Une enfance très libre, des parents aux principes d'éducation particuliers : à vrai dire aucun principe si ce n'est celui d'accéder aux désirs de leurs enfants. Enfants qui ainsi ne réalisent pas le manque d'argent qui se fait jour, la douloureuse histoire familiale (famille juive déportée pendant la guerre). De cet appartement, Colombe Schneck décrit les pièces, les meubles, les objets ; ils ont tous une histoire ou s'ils n'en ont pas a priori, la jeune Colombe les invente (cf. la jolie histoire qu'elle s'invente pour relier tous les tableaux accrochés au mur, qui indépendamment les uns des autres n'ont aucune valeur). Son style accrocheur, phrases courtes, hachées, répétitives donne une âme aux objets : le canapé vieux rose, les rideaux qui tombent presque en lambeaux, les meubles de boulangerie, ... On sent beaucoup de nostalgie pour cette enfance dont tout enfant rêverait,  une certaine culpabilité de n'avoir pas pu accompagner sa maman dans ses derniers moments et beaucoup de fragilité chez cette jeune (adjectif inévitable, nous sommes de la même année !) femme journaliste-écrivaine, auteure d'un livre très sensible.
Voir l'avis de Flora.

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Contes carnivores

Publié le par Yv

Contes carnivores, Bernard Quiriny, Le Seuil, 2008


Comme le titre l'indique, Bernard Quiriny écrit des contes, des nouvelles. Elles oscillent entre le monde d'Edgar Allan Poe et celui d'Alphonse Allais : la filiation est  d'ailleurs assumée. Souvent drôles, loufoques, un peu fantastiques (dans le sens où elles sont hors de la réalité). Écrites dans un style un peu désuet qui leur siéent parfaitement, elles se lisent sans difficulté, notamment les trois premières et encore plus particulièrement, Sanguine, l'histoire d'une femme-orange et Qui habet autres, celle d'un homme qui entend toutes les conversations le concernant, même si elles se déroulent très loin. On croise aussi un amoureux des plantes carnivores et un cercle d'amateurs de marées noires.

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