Les onze

Les onze, Pierre Michon, Ed. Verdier, 2009
Pierre Michon écrit sur un célèbre tableau, exposé au Louvre, bien protégé et représentant les onze membres du Comité de salut public en 1794, intitulé Les Onze et peint par le fameux François-Elie Corentin. Ce livre commence par la biographie du peintre, dont on peut voir le portrait à 20 ans -puisqu'on ne connait rien d'autre de son apparence que ce portrait- "sur le mur sud de la Kaisersaal, dans le cortège des noces de Frédéric Barberousse", peint par Giambattista Tiepolo "aux plafonds de Wurtzbourg". (Tiepolo décorait alors le palais d'un banquier allemand, le palais de Wurtzbourg). Ensuite, Pierre Michon déroule la vie de ce peintre, à Combleux sur les bords de la Loire, entouré de ses mère et grand-mère.
J'avais déjà été séduit par l'écriture de l'auteur dans Maîtres et serviteurs, et je replonge à nouveau avec délices dans ce style si particulier, ces belles phrases longues, intelligentes ; chaque mot est à sa place et important : en enlever un c'est rendre la phrase bancale et changer tout le sens. Ce qui dans ce cas serait un sacrilège tellement la langue de Michon est élégante, riche et érudite. Ce n'est pas un livre qui se lit entre deux portes : il demande de la concentration et malgré ces remarques, il reste ouvert à tout lecteur un tant soit peu demandeur de culture et de profondeur. Exercice brillant surtout lorsque l'on sait -je ne révèle rien qui empêche de profiter de cette lecture- que ni le tableau, ni le peintre n'ont existé. Ils ne sont que fiction dans un contexte historique et au milieu de personnages, eux, bien réels.