Lady Hunt

Lady Hunt, Hélène Frappat, Actes sud, 2013...,
Laura Kern est une jeune femme qui travaille pour une agence immobilière des beaux quartiers parisiens. Elle est à la fois témoin et victime de phénomènes étranges : un rêve récurrent autour d'une maison ; un véritable cauchemar, car cette maison la terrifie, la disparition et la réapparition d'un petit garçon dans un appartement que ses parents visitent... Tous ces mystères lui font peur, lui font toucher du doigt la maladie dont son père fut victime et qui peut se transmettre aux descendants.
Dans le cadre des Matchs de la rentrée littéraire, Price Minister distribue des livres aux "blogs littéraires les plus influents de l'Hexagone" : eh, relisez ça, je fais partie des "blogs littéraires les plus influents de l'Hexagone" ! Ah, ça fait du bien de l'écrire et de le lire deux fois, si je m'écoutais, je le triplerais, mais ma modestie naturelle m'en empêche (putain, un des "blogs littéraires les plus influents de l'Hexagone" quand même !). Ah, la vache !
Pouf pouf, je me rajuste et je reviens à ma préoccupation principale, vous parler de ce roman d'Hélène Frappat dont j'avais apprécié Par effraction il y a assez longtemps, avant que ce blog ne devienne l'un des "plus influents de l'hexagone" -désolé, c'est trop bon, je ne peux pas m'en empêcher. L'auteure crée un monde qui tire vers le fantastique, genre dont je ne suis point féru. Ces moments d'irréalité sont ancrés dans des passages très réels : des visites d'appartement, de maisons. Un total décalage qui m'a bien plu. J'ai été emballé pendant les deux premières parties (140 pages) et ai ressenti une lassitude à ce moment-là. Mon plaisir du départ était quelque peu émoussé par les longueurs, par cette histoire qui n'avançait plus et Laura qui faisait elle aussi du sur-place. J'ai accéléré un peu mon rythme de lecture, passé des pages, sauté des paragraphes sur les 170 dernières pages. Toujours mon souhait de concision. Malgré mes évitements, je dois dire que je reste sur une belle impression. Hélène Frappat sait créer une ambiance propice à son récit mi-réel/mi-fantastique, ses personnages (beaucoup de femmes), Laura en tête sont attachants, troublants et complexes. Grâce à des détails distillés ça et là, on saisit des bribes de l'histoire de la famille Kern avant des paragraphes explicatifs disséminés dans les différentes parties. Tout se tient, tout s'explique dans un très bon final.
Un roman pas banal qui a le mérite d'aller dans des sphères assez peu explorées par les romans français contemporains et qui, mine de rien, grâce à une écriture fine et poétique restera sans doute un moment en les mémoires de ceux qui ont eu la chance de le lire. L'atmosphère, l'ambiance ouateuses, brumeuses, tant dans le climat que dans les têtes des héroïnes concourent à l'installer durablement dans nos esprits. Il commence ainsi :
"La première fois que j'ai vu la maison, les arêtes de ses murs en briques disparaissaient sous une brume grise. La maison se dresse en haut d'une rue en pente Malgré le brouillard lumineux qui l'enveloppe, son ombre imposante se détache sur les villas environnantes. C'est une brume de fin de journée, un halo gris qu'absorberont bientôt les rayons blancs du crépuscule, juste avant la nuit, et la maison aura disparu." (p.11)
Un grand merci à Price Minister. Et puisqu'il faut mettre une note, j'attribue un 14/20
Babelio recense plein d'avis divers