L'homme inquiet

L'homme inquiet, Henning Mankell, Seuil Policiers, 2010
Kurt Wallander a 60 ans. Sa fille Linda accouche d'une petite fille et s'installe avec Hans, le père de la petite, jeune trader héritier d'une famille de la bonne société. Mais le père de Hans, ancien officier de marine disparaît. Puis sa mère. Wallander, bien que ne lui échoie pas l'enquête, fouine, à la demande de sa fille. "Soupçons d'espionnage. [...] Parallèlement à la police de Stockholm et aux services secrets, Wallander mène sa dernière enquête et amorce simultanément sa propre plongée en profondeur : défilent alors les années écoulées et les femmes de sa vie." (4ème de couverture)
Ce livre est sous-titré : "La dernière enquête de Wallander". Aussi, en tant que fan de ce policier, je me suis tout de suite reconnu dans le titre du livre : va-t-il mourir ? Part-il seulement en retraite ? Vous comprendrez donc que j'aie dévoré les 550 pages du livre pour savoir comment Wallander disparaissait de la littérature policière.
Bon, je reprends mes esprits et je vais tenter de vous rendre un billet sobre et non exalté : un peu de conscience bloguesque que diable ! Ce livre est génial ! Ah mince, je replonge ! Bon, tant pis, vous aurez le billet d'une midinette apercevant et/ou touchant son acteur fétiche.
Je disais donc que ce livre est génial : j'y retrouve tout ce que j'aime chez Wallander; les longues enquêtes, les fausses pistes, les temps de réflexion qu'il s'impose pour parvenir à retrouver LE petit détail qui change tout. Le contexte géopolitique que Henning Mankell décrit : la guerre froide, les espions pro-Russie ou Pro-Etats-Unis. A ce propos, dans la postface, Henning Mankell écrit : "Je tiens à souligner la différence entre fiction et documentaire. Ce que j'écris aurait pu se passer tel que je le décris. Mais ce n'est pas nécessairement le cas. Ce livre contient de nombreux glissements de ce type, entre faits réels et imaginables. Comme beaucoup d'écrivains, j'écris pour rendre le monde plus compréhensible, d'une certaine manière. De ce point de vue, la fiction est parfois supérieure au réalisme documentaire." (p.552) Oh que je suis d'accord avec son propos ! J'acquiesce. J'opine. Et c'est une des grandes raisons qui me font aimer à la fois cet écrivain et son désormais ex-commissaire récurrent : mélanger la petite histoire de la vie de ses personnages avec la grande histoire et les grands faits historiques. Jamais didactique, Mankell pose des questions au travers de Wallander et explique quelques grandes périodes ou quelques grandes questions de société.
D'ailleurs, revenons à lui, Kurt Wallander, qui se chamaille toujours avec sa fille, qui après un temps d'adaptation se voit assez bien en grand-père. Ce livre est aussi le moment pour un bilan de sa vie : on sent qu'au moment de faire sortir Wallander, Mankell a voulu faire un point complet : les femmes qui l'ont aimé, celles qu'il a aimées, ses enquêtes les plus dures, celles qui lui ont laissé des traces, ses amitiés, les relations conflictuelles avec son père, pour finir avec lui en homme apaisé.
Bref, la fin d'une série qui pour moi restera l'une de celles -sinon celle, allez si, j'ose : c'est celle- qui m'a procuré le plus de plaisir de lecture.
Immanquable ! (Et là, je suis sobre !)
Lu grâce à la Librairie Dialogues que je remercie ; Oh combien !