L'Exécution
L'Exécution, Robert Badinter , Audiolib, 2009 (Éd. Grasset, 1973), lu par Charles Berling
L'affaire de Clairvaux dans les années 70 : une prise d'otages qui se finit dramatiquement par l'assassinat des otages, un gardien et une infirmière. Les deux accusés, Claude Buffet et Roger Bontems. Si le premier est coupable des égorgements, le second n'a pas de sang sur les mains. Néanmoins, défendu par Philippe Lemaire et Robert Badinter, il sera guillotiné. Cette affaire sera un tournant dans la vie de Robert Badinter qui n'aura désormais de cesse de lutter contre la peine de mort.
Un récit exceptionnel que je ne connaissais pas et que les éditions Audiolib me font découvrir avec bonheur. Ce texte est d'une force peu commune ; tout le cheminement et les questionnements d'un avocat au moment où il aborde un procès qui, il le sait, le changera à tout jamais. Robert Badinter raconte son procès, intercale les conseil de son maître dans ce métier, Henry Torrès, fait le point sur le déroulement de l'affaire pendant les deux premières parties. La troisième étant consacrée plutôt à la demande de grâce et à l'exécution.
Dans la présentation, Robert Badinter finit en disant : "Fermez les yeux et écoutez", et c'est ce que j'ai fait. La voix de Charles Berling entre dans le casque, paisible au départ, qui enfle lors du procès et devient presque un murmure dans la troisième partie. Si je suis un adepte du livre papier, je dois avouer ici que parfois l'interprétation d'un acteur peut donner de l'ampleur à un texte, quand bien même celui-ci n'en a point besoin. Car, effectivement, le texte se suffit à lui-même, mais C. Berling lui donne une force supplémentaire. Aucun passage n'est anodin, tant ceux concernant le procès que les conseils du maître Torrès, un vrai plaidoyer pour le métier d'avocat, de défenseur, que la fin, tendue, sensible et inoubliable. Je me souviens encore des débats en 1981 autour de l'abolition de la peine de mort, ceux organisés dans les cours au collège et même encore quelques années après au lycée. Ils étaient vifs, emportés et je défendais fermement ma position, celle qui avait enfin gagné. Je ne m'étais jamais demandé comment Robert Badinter en était venu à croire en l'abolition, j'ai maintenant une réponse claire.
Merci aux éditions Audiolib de mettre ce texte à leur catalogue, car il doit être lu ou écouté très largement. Cet été, en voiture ou sur la plage, dans l'autoradio ou sur vos lecteurs MP3. Puissant. Encore mieux qu'un bon polar. La praticité d'un format à trimbaler partout alliée à l'interprétation formidable de Charles Berling. Pas gai (mais pas pire qu'un thriller, et mieux en terme de qualité) certes, mais inévitable.