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Home, Toni Morrison, Éd. Christian Bourgois, 2012 (traduit par Christine Laferrière)
États-Unis, années 50, Franck, afro-américain, vétéran de la guerre, parcourt le pays pour retrouver sa soeur malade. C'est aussi pour lui, un moyen de revenir sur son passé, son histoire. Avec ses parents, sa soeur. Plus globalement c'est un pan entier de l'histoire des États-Unis-ségrégationniste qui se déroule sous ses yeux.
Je suis assez partagé sur ce livre. D'abord, je n'ai aucun point de comparaison avec les autres livres de l'auteure puisque c'est le premier d'elle que je lis. Il n'est pas évident d'entrer dans son livre, elle procède par énigme, par ellipses, donnant des bribes d'informations sur des situations ou des personnages que l'on n'a pas encore croisés dans son récit. Les explications viennent plus tard et tous les indices s'emboîtent. Le procédé n'est pas nouveau, mais il est ici très usité au risque de perdre le lecteur. Par exemple, on sait assez tard le but du voyage de Franck. Puis, une fois le pli pris, je me suis attaché à Franck, à sa famille, et à l'écriture de Toni Morrison. J'avançais dans un brouillard assez épais qui ne se levait pas franchement sauf dans les toutes dernières pages. Mais bon, par chez moi, le brouillard est fréquent et l'on a coutume de dire que lorsqu'il se lève, le reste de la journée est très beau. Encore faut-il qu'il ait envie de se lever !
L'écriture de Toni Morrison est belle, va à l'essentiel mais en prenant des détours, sans trop s'appesantir sur des détails mais en faisant état des énormes difficultés de vivre dans le pays dans les années trente en étant noir. Alors, certes, on connaît la chanson, mais pas forcément la petite musique de Toni Morrison :
"- Tu es profond, Thomas, dit Franck en souriant. Quel métier tu veux faire quand tu seras grand ?
De la main gauche, Thomas tourna la poignée et ouvrit la porte. "Homme", répondit-il, puis il sortit." (p.41)
Tout va bien donc dans la plus grande partie du bouquin, et puis malgré son petit nombre de pages (153), la fin est longuette. Les trente ou quarante dernières pages sont lourdes à tourner. Tout les détails se rejoignent et forment l'histoire, le brouillard se lève et on comprend enfin, mais c'est un peu délayé dans de l'inutile et du redondant. Finalement, le brouillard de Toni Morrison est pas mal, presque mieux que ses éclaircies. Disons, pour reprendre mon image sus-citée (et ouais, je progresse, je fais même maintenant des figures de styles qui durent tout au long de mon article. Trop la classe Yv !) que le brouillard se lève, mais tardivement et qu'au lieu d'un soleil franc et généreux, il laisse la place à des rayons de l'astre solaire plus ou moins forts et lumineux avant que la nuit ne tombe.
Tout plein d'avis beaucoup plus ensoleillés que le mien chez babelio.