En route vers un avenir radieux

En route vers un avenir radieux, Brigid Pasulka, Éd. ZdL, 2012 (traduit par Lucie Delplanque)
Pologne, 1939, la première fois qu'il voit Anielca, celui que tout le monde nomme Le Pigeon, tombe amoureux. Il n'aura de cesse de tout faire pour se trouver à ses côtés, pour se faire accepter par sa famille, jusqu'à reconstruire la maison de sa belle dans le petit village de Bourg-Perdu, loin dans les montagnes. Mais la guerre retarde ses plans, lui qui va lutter contre les Allemands.
Pologne, 1992, Beata, aussi surnommée Baba Yaga, la petite fille d'Anielca vit de petits boulots de serveuse et de dame de compagnie en plein Cracovie. Pas d'ambition, pas de goût particulier pour les études, elle vit au jour le jour, hébergée par Irena, sa tante.
Je suis un peu déçu par ce livre parce que sans doute j'en attendais beaucoup plus. Là où je voulais un roman mettant en scène des personnages dans des périodes historiques très fortes pour la Pologne notamment, je ne trouve que des histoires d'amour, de filiation sans vraiment de lien avec ce pays. Plus exactement, disons que le contexte politique, social n'apparaît pas à la hauteur de mes espérances. Il est présent, certes, mais en léger fond. Un lavis. Je m'attendais à plus dense parce que ce que j'avais lu de chez ZdL Éditions m'avait habitué à cela : Churchill à Yalta, par exemple qui est un excellent exemple de roman bien ancré dans une période historique ou Le labyrinthe de Poutine, qui n'est pas un roman mais une enquête journalistique.
Une fois passée cette relative déception, j'ai en mains un roman sympathique qui raconte en parallèle la vie de deux femmes à 50 ans d'écart : Anielca, la beauté légendaire de Bourg-Perdu et sa petite fille Beata, jeune fille en attente. Ce n'est pas vraiment mon genre de littérature, même si je dois avouer ici -au risque de détruire à tout jamais cette réputation de virilité exacerbée- que je n'ai pas passé un mauvais moment. Certains paragraphes du livre permettent quand même de se raccrocher à ce qui me manque, le contexte, notamment celui-ci, racontant comment les Polonais, à la demande de leurs dirigeants, au sortir de la guerre, affluent vers les villes pour la reconstruction du pays :
"Cet été-là, lorsque l'appel à la reconstruction fut lancé dans des villes, les Polonais se ruèrent sur les routes comme lors de la panique initiale. Cette fois, en revanche, il flottait sur cet exode comme un parfum de dernier jour d'école, l'impression de délaisser l'année écoulée encore affichée aux murs, pour sauter, la tête la première, dans une ère illimitée, toute baignée de soleil. Tous savaient bien sûr que cette liberté était temporaire. [...] Les règles et restrictions qui les guettaient demeuraient un vague fantôme debout sur l'autre rive, ricanant devant cette liesse." (p.339)
Le roman est bien ancré géographiquement, on sait qu'on est en Pologne, mais l'histoire n'est pas suffisamment originale ni ancrée politiquement, socialement, historiquement pour qu'elle emporte mon adhésion. De même, l'auteure ne joue pas assez sur les contrastes entre Anielca, jeune paysanne des années 30/40 et Beata, sa petite fille, jeune citadine des années 90. Passer de l'oppression qu'elle fût nazie ou communiste à une période de liberté où tout est envisageable aurait dû être plus évident, plus présent dans le texte.
Néanmoins, si vous êtes amateurs(trices) de romances bousculées par des événements extérieurs, de jeunes femmes et de jeunes hommes tergiversant pour s'avouer leur amour, de sagas familiales, laissez-vous tenter, vous ne devriez pas être déçu(e)s.
Merci Léa de chez Gilles Paris.