La chanson de Charles Quint

La chanson de Charles Quint, Erik Orsenna, Stock, 2008
Deux frères vivent dans une même ville, l'un, le cadet, à l'amour unique, l'autre, l'aîné à l'amour morcelé. Le cadet a épousé son amour unique, l'aîné s'est divisé entre plusieurs femmes jusqu'à en trouver une, celle qui mourra jeune et qui le laissera seul et quelque peu désemparé.
Superbe écriture pour un roman qui ne l'est pas moins. Tout en pudeur, en poésie, Erik Orsenna décrit l'amour de cet homme pour cette femme et l'amour fraternel. Il raconte l'absence de la disparue, mais en même temps sa forte présence, malgré cette disparition. Il relate les tentatives amicales et fraternelles pour soutenir le veuf.
C'est un roman mélancolique, mais gai, racontant le passé mais se prolongeant dans le futur, expliquant même la notion de futur antérieur.
Je trouve qu'avec sa manière d'aborder la mort, l'absence, de front certes, mais encore une fois tout en pudeur, en retenue, Erik Orsenna réussit à faire passer énormément de sentiments, de beauté. Il parvient à émouvoir le lecteur sans jamais tomber dans un pathos facile et de mauvais aloi, contrairement à d'autres qui s'essayent à écrire autour de la mort mais n'ont réussi qu'à m'ennuyer (cf. E. Carrère, D'autres vies que la mienne).
Voilà pour moi un livre extrêmement tendre, émouvant, mélancolique, mais toujours gai et positif, écrit par un raconteur d'histoires hors pair.