Cheval

Cheval, Richard Morgiève, Denoël, 2009
1960, les Cheval, c'est leur nom, le père et le fils. Ils sont forains depuis 1897. Leur manège s'appelle Les soucoupes volantes. Mais la plus grande partie du livre se déroule chez eux, dans leur domaine, dans leur maison délabrée, juste derrière la décharge à ciel ouvert. Ils n'ont pas le sou. Personne ne veut les fréquenter. Le fils, entre 12 et 18 ans selon les besoins et les circonstances, est le narrateur.
Roman à l'écriture oralisée -encore un, c'est un peu la mode- qui met en scène ces deux hommes pauvres, provocateurs et bagarreurs, considérés par les autres comme la lie du village. L'histoire, les personnages et l'écriture me plaisent bien. Mis à part une misogynie évidente : les rares personnages de femmes ne sont pas à leur avantage (la pute, la femme qui laisse son mari avec un enfant en bas âge, les femmes objets des fantasmes de jeune Cheval), quelques longueurs et des propos dévoilant justement ces fantasmes, les inquiétudes du jeune Cheval quant à sa virilité et autres considérations sexuelles, parfois un peu trop fréquentes, j'ai bien aimé ce roman. Tout au long du livre, je n'ai pu m'empêcher d'avoir en tête les images du film Les démons de Jésus, de Bernie Bonvoisin.
L'atmosphère décrite par Richard Morgiève, son écriture parfois légère, parfois lourde, toujours à la limite de la vulgarité -d'aucuns jugeront même qu'il a passé cette limite- et sa manière de mener ses héros, eux-mêmes tout à la fois légers, lourds et vulgaires, mais finalement malgré leurs défauts, assez attachants et touchants, valent qu'on s'arrête un moment pour un tour de manège.