Un jour sans

Un jour sans, Mark McNay, Ed. Panama, 2008
Banlieue de Glasgow, Ecosse, Sean travaille dans une usine de conditionnement de poulets. Travail abrutissant s'il en est. Cependant, sa vie avec Maggie sa femme, Donna, sa fille pourrait le contenter. Ses rêves éveillés lui permettent de passer outre le quotidien. Malheureusement, Sean a un grand frère, Archie, délinquant notoire qui lui a confié avant d'être incarcéré une forte somme d'argent. Sean en a dépensé une partie, et aujourd'hui, contre toute attente, Archie sort de prison et va réclamer son fric.
Roman à la construction déroutante : lorsque l'auteur décrit le présent, il parle de Sean à la troisième personne et lorsqu'il évoque le passé, c'est Sean qui en parle , et donc le "je" apparait. Une fois que le pli est pris, ça va, mais parfois on peut s'y perdre. De même, les dialogues sont introduits sans guillemets, mais la présentation du roman permet de les repérer aisément.
Pour le contenu, McNay nous décrit le véritable enfer vécu dans ce genre d'usine, la pauvreté de ce coin de l'Ecosse et le quotidien difficile de la classe ouvrière écossaise. Les personnages ont tous leurs bons et mauvais côtés ; aucun n'est tout blanc ou tout noir, ce qui les rend crédibles. Néanmoins, j'ai eu du mal à m'attacher à eux ; le côté fataliste et résigné de Sean est insupportable, le genre mauvais garçon d'Archie est quasi caricatural (mais peut-être me trompé-je, et existe-t-il réellement, ce genre ?). Pareil pour Albert, l'oncle de Sean et Maggie sa femme, trop effacés.
J'ai une autre petite retenue quant au style de l'auteur : les phrases sont écrites comme un langage parlé (absence du "ne" pour une phrase négative, utilisation du "y" pour "ils"). Je ne suis pas contre, mais à la longue, ça m'a un peu agacé. Par contre, le rythme est assez rapide, les mots d'argot sont bien venus et bien sentis. Ce livre est en lice pour le prix Inter C-E, et fait partie des bonnes sélections.