Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

La route des coquelicots

Publié le par Yv

La route des coquelicots, Véronique Biefnot, Francis Dannemark, Le Castor astral, 2015...

1992, Flora, Henriette et Lydie sont des femmes âgées qui vivent dans une petite maison de retraite du nord de la France. Olena, une jeune ukrainienne sans papier qui a laissé sa fille au pays et son mari qui travaille au Portugal, s'occupe des vieilles dames. Un événement permet à icelles et à Olena de partir au volant d'une vieille voiture, d'abord aux abords de la frontière germano-polonaise pour retrouver Milena la fille d'Olena, puis au Portugal pour réunir la petite famille. Un voyage long dans lequel chacune se révèle un peu.

J'ai pas mal parlé des derniers livres des deux auteurs : ici, ici, , et . Voici leur premier roman commun. On y retrouve les ingrédients qui ont fait les succès de leurs livres précédents : bonne humeur, joie de vivre, bons sentiments, personnages aux fortes personnalités, amitié, amour, entraide, rencontres inter-générationnelles, ... et quelques péripéties pour pimenter un tantinet le voyage de ces quatre femmes à travers l'Europe. C'est toujours charmant, un bouquin que l'on a plaisir à reprendre parce qu'on sait qu'il est positif.

Mais je dois dire que j'y ai trouvé aussi pas mal de longueurs, de redondances, comme si le scénario était très léger et ne pouvait tenir sur 300 pages (aérées et gros caractères). Les personnages sont sympathiques certes, lisses mais sympathiques. Leurs révélations sur elles-mêmes ne sont pas d'énormes surprises, elles sont des femmes simples aux vies simples, comme souvent dans les romans des auteurs ; c'est d'ailleurs ce que l'on aime y retrouver.

Ces réserves dites, force m'est de constater que le roman se lit très bien, qu'on peut le prêter ou l'offrir sans aucun risque de décevoir. A rapprocher du livre de Didier Fourmy dont je parlais ici-même l'an dernier quasiment au jour près, Les pétillantes. Je concluais mon article par ces mots que je reprends ici : "Une véritable bouffée de joie et de sourires que tous ces livres, ceux de F. Dannemark et celui de D. Fourmy", je ne change rien, j'y ajouterai juste le nom de V. Biefnot.

Les deux complices ont aussi collaboré au livre suivant :

Autour de l'amour, Véronique Biefnot, Francis Dannemark, Le castor Astral, 2015

Recueil de poésies et de dessins de Véronique Biefnot qui, comme l'indique le titre tournent autour de l'amour. des poèmes rimés, de la prose et même une nouvelle épistolaire fantastique, Wallis et Ashvin, mes pages préférés du livre. On retrouve les thèmes chers aux auteurs : l'amour, la rencontre, l'humain avant tout. Des textes courts, des longs. La diversité y est de mise. Les dessins en noir et blanc illustrent parfaitement les textes. Certains sont très bien et mériteraient sûrement une vue plus grande et plus large.

Voir les commentaires

Mille regrets

Publié le par Yv

Mille regrets, Elsa Triolet, Denoël, 2015 (première édition, 1942)....

Quatre nouvelles écrites en 1940 et 1941. Quatre histoires de femmes et d'hommes, entre Nice et Paris, à l'époque où la ligne de démarcation existait. Curieusement, le contexte de la guerre qui s'annonce ou qui débute est peu présent, au second plan, latent. Les éditions Denoël rééditent ces histoires d'Elsa Triolet dans la collection Empreinte, une belle idée qui permet de remettre en rayonnages cette écrivaine sans doute un peu oubliée, morte depuis 45 ans et qui dans l'esprit de beaucoup, est avant tout la femme de Louis Aragon.

Trois nouvelles assez égales en nombres de pages : Mille regrets, Le destin personnel et La belle épicière qui parlent de femmes. L'autre nouvelle, la plus longue, presqu'un roman de 120 pages, est consacrée à un homme Henri Castellat ; titre de l'histoire éponyme.

- Mille regrets : Une femme plus toute jeune mais pas encore vieille, veuve, apprend que son amant, Tony est mort. Elle vivote dans un meublé minable de Nice jusqu'au jour où elle rencontre un vieil homme étrangement riche, Oléonard, qui lui propose de l'argent en échange de son manteau de vison.

- Le destin personnel : en 1940/41, Charlotte se voit contrainte d'héberger sa mère, ses beau-frère, belle-sœur et neveu pendant que son mari Georges est prisonnier. La cohabitation est plus que délicate entre les reproches de la mère, les jérémiades de la belle-sœur, les pitreries du neveu. Pour souffler, Charlotte accepte de passer l'été en zone libre chez des amis, Jean-Claude et Margot, en pleine campagne. Margot déprime. Jean-Claude se débrouille pour améliorer l'ordinaire de guerre.

- La belle épicière : Louise est l'épicière d'une petite rue parisienne. Mariée à Simon qui gagne sa vie en faisant l'homme serpent et maman de Michel, un garnement d'une dizaine d'années. Sa vie s'écoule paisible au comptoir de sa petite épicerie, sa gentillesse et son charme faisant la joie des clients et voisins. Louise qui entend dire à longueur de journée qu'elle est bien belle et attirante est sage et fidèle. Oui, mais Simon part pour trois mois, et Raymond, le nouveau serveur du café d'en face fait une cour assidue à la belle épicière.

- Henri Castellat : Henri est écrivain. Deux de ses romans ont eu un accueil très favorable quinze ans auparavant faisant de lui, le romancier du moment. Mais Henri n'écrit plus depuis. C'est un homme égoïste qui ne se soucie que de lui, aime briller dans les salons. Dans l'un d'eux il rencontre Annabelle Soriento, femme d'un peintre. Ils tombent amoureux et vivent des moments délicieux. La mère d'Henri voudrait qu'il épouse Jeanne, une jeune propriétaire terrienne de sa région natale, qu'il a mise enceinte deux ans auparavant. Henri répugne à régulariser la situation, Jeanne n'étant pas aussi séduisante qu'Annabelle ni sa région natale aussi attirante que Paris. C'est alors que les menaces de guerre se font de plus en plus fortes.

Je ne connaissais pas les écrits d'Elsa Triolet, et voici donc une belle découverte que ces portraits de femmes qui pour vouloir frôler la frivolité vont payer cash. Alors que Henri Castellat, homme dont l'intérêt unique est sa petite personne, s'en sortira par relations. Couard, veule, c'est un type assez minable qui se sert d'autrui pour lui et encore lui. Il y a 70 ans, on était encore très loin de l'égalité hommes-femmes (encore aujourd'hui me direz-vous), et Elsa Triolet le montre admirablement. Elle ajoute aussi une question de classe sociale, car H. Castellat est un homme du monde alors que les trois femmes dont elle parle sont d'un milieu populaire.

Étrangement, bien qu'écrites en 1940 et 1941, ces nouvelles ne font pas état de la guerre, elle n'est qu'un contexte lointain, même si elle peut être déclencheur de certains comportements. Mais sans doute est-il plus aisé d'écrire sur la guerre une fois qu'on en est sorti, avec un peu de recul.

La langue d'Elsa Triolet n'est point trop datée, elle se lit très bien. Une écriture simple, directe, de belles descriptions de paysages, de personnages : une écriture très visuelle et même odorante lorsqu'elle décrit certains lieux.

Une belle manière d'aborder l'œuvre de cette écrivaine que ces nouvelles rééditées.

Voir les commentaires

La mer d'innocence

Publié le par Yv

La mer d'innocence, Kishwar Desai, L'Aube, 2015 (traduit par Benoîte Dauvergne)....

Simran Singh, travailleuse sociale à Delhi, passe quelques jours de vacances à Goa avec sa fille-adolescente adoptive Durga. Elle reçoit une vidéo sur son portable, celle d'une jeune femme anglaise qui se fait agresser par des hommes. Puis, c'est Amarjit, un flic de sa connaissance qui lui demande d'enquêter sur la disparition de cette jeune femme, Liza. Précisons que Simran a déjà travaillé avec Amarjit, qu'ils ont même été amants et que c'est là la troisième enquête de cette travailleuse sociale fonceuse.

Les deux tomes précédents mettant en scène Simran Singh s'intitulent Témoin de la nuit et Les origines de l'amour, mais point n'est besoin de les avoir lus pour comprendre celui-ci et suivre avec intérêt cette enquête, la preuve, je ne les ai pas lus.

Simran Singh est une femme qui a passé la quarantaine, elle vit seule avec Durga qu'elle a adoptée suite à l'une de ses précédentes enquêtes. L'intrigue présente est très ancrée dans l'Inde contemporaine. Elle mélange fiction et réalité : vous vous souvenez sans doute de cette jeune étudiante indienne agressée et violée par six hommes dans un bus (en décembre 2012, cf, l'article de Wikipedia), Kishwar Desai en parle pour dénoncer la violence extrême à laquelle sont confrontés les Indiennes et ceux qui tentent de les secourir -certains hommes qui ont tenté de les aider se sont fait tuer par les violeurs. L'action de son roman se déroule au même moment. "L'état de la jeune femme que six hommes ivres avaient sauvagement violée dans un bus en marche s'aggravait. On en savait maintenant un peu plus sur ce qui lui était arrivé. A l'aide d'une barre de fer, l'un des violeurs avait perforé ses organes reproducteurs puis arraché ses intestins à mains nues. Au cours des nombreuses opérations qu'elle avait subies, les chirurgiens n'avaient réussi à sauver que cinq pour cent de ses intestins." (p.105)

Kishwar Desai place son histoire à Goa, ancienne destination hippie pour Occidentaux en recherche d'un autre style de vie, devenue la région la plus violente de l'Inde dans laquelle la drogue circule librement et le viol est devenu presque courant : "Un ministre craignait par exemple que Goa devienne la capitale mondiale du viol. Un autre membre du Parlement déclarait qu'en trois ans, un étranger était mort presque chaque semaine dans cet État." (p.106). Et ça fait peur, les touristes sont embêtés et lorsque ce sont des femmes seules, elles peuvent être harcelées, photographiées à leur insu, photographies qui se retrouveront sur des sites Internet, ...

L'héroïne de Kishwar Desai est une femme seule, fonceuse qui ne se soucie pas vraiment des conséquences de ses actes ou des questions qu'elle pose. Ce n'est pas une enquêtrice professionnelle, elle manque de finesse et de recul. C'est évidemment ce qui fait tout son charme, elle est loin des codes des flics ou privés : elle va droit au but, se pose de multiples questions sur les personnes qu'elle rencontre et qui l'aident : sont-elles des alliées, des ennemies ? Et le lecteur ne peut pas l'aider puisqu'il n'en sait pas plus qu'elle et qu'il a exactement les mêmes interrogations.

A part quelques petites longueurs dans ces questionnements qui reviennent un peu trop souvent, le roman se suit avec plaisir et envie de connaître le fin mot de l'histoire. Simran Singh est attachante, sa naïveté et son enthousiasme en font une enquêtrice hors norme, originale. Le contexte est fort, la place des femmes dans la société indienne, la violence du pays, la corruption des élites politiques, l'attrait de l'argent facile, l'opposition entre la modernité des grandes villes et des zones touristiques et les régions rurales qui sont très traditionalistes. Une très belle découverte que cette auteure qui, par le biais du divertissement d'un roman policier ne mâche pas ses mots et met l'accent sur ce qui ne tourne pas rond en Inde, tout en restant finalement assez positive ; le roman peut être dur, mais la personnalité de l'héroïne et l'ambiance finale nous laissent sur des notes encourageantes.

PS : pas fait exprès, mais un livre écrit par une femme, qui met en scène une femme dans un pays dans lequel la vie des femmes n'est pas facile chroniqué le 8 mars, Journée Internationale des Femmes, le hasard fait bien les choses dit-on communément.

Voir les commentaires

Nord-nord-ouest

Publié le par Yv

Nord-nord-ouest, Sylvain Coher, Actes sud, 2015....

Deux jeunes hommes, Lucky et le Petit ont traversé la France de Marseille à Saint-Malo grâce à des voitures volées, des vols dans les magasins. Ils fuient un passé sans avenir et une sombre histoire de violence dont a on au début du roman que des bribes. En Bretagne, Lucky fait la connaissance de la Fille qui s'immisce dans ce duo. Le souhait des garçons est de passer en Angleterre. La Fille les suivra. La solution : le Slangevar, un voilier qu'ils emprunteront pour pensent-ils deux jours de mer, eux qui ne connaissent rien de la mer et de la voile.

Le début de ce roman est une pure merveille, l'écriture, les personnages, tout me plait. Les déambulations à Saint-Malo, les vols de voiture, la jalousie du Petit par rapport à la Fille, les préparatifs pour la traversée et même les débuts en bateau. C'est là où ça se gâte un peu pour moi : le langage devient technique, entre le noms des voiles, la manière de les manipuler, les techniques de voile, les instruments de bord, je me perds... je n'y connais rien à la voile, ça ne m'intéresse pas et je n'ai pas de dictionnaire de marine sous la main. Ça gâche mon plaisir de ne pas tout comprendre ce que je lis.

Ces réserves passées, ce bouquin est excellent. La force en est son écriture qui par petites touches raconte l'histoire des garçons, le lien indéfectible qui les lie. Elle sert aussi les relations entre les personnages, la jalousie, le désir du Petit pour la Fille, l'abattement qui gagne les trois à tour de rôle, le découragement, la promiscuité qui n'aide pas à bâtir de saines relations surtout lorsqu'une fille est au milieu de deux garçons. Le huis-clos est saisissant, cruel et lourd, chacun devra puiser dans ses réserves pour essayer de s'en sortir. L'atmosphère est pesante, parfois plus légère. Chacun des trois rêve d'un avenir lumineux, pas extraordinaire, pas de rêves de célébrité comme les jeunes abreuvés de conneries télévisuelles, juste une vie simple et sans embrouille.

L'amour, la mort, l'amitié, le sens donner à sa vie sont des thèmes éternels, si ce n'est les thèmes essentiels de toute la littérature, le cinéma et autre art ou même de toute vie tout simplement. Lorsqu'un auteur sait les mettre en mots et les incarner dans des personnages complexes et forts, ça donne un excellent roman comme celui-ci.

Second livre de la sélection du club de lecture de la librairie, le thème était la voile, puisque le premier livre était Un été. Y'a pas photo comme on dit, entre la légèreté et la densité, je prends la densité, donc Nord-nord-ouest.

Itzamna a un avis proche du mien, et Babelio en recense d'autres, tous très positif

Voir les commentaires

Un été

Publié le par Yv

Un été, Vincent Almendros, Minuit, 2015..,

Un été, Jean invite son frère Pierre à une croisière sur son bateau. Pierre arrive avec son amie, une Scandinave prénommée Lone qui fait une thèse en France sur la parité homme-femme. Jean vit avec Jeanne de puis sept ans. Mais avant Jeanne et Pierre s'aimaient. Les retrouvailles dans cet endroit confiné angoissent un peu Pierre, le narrateur.

Court roman d'à peine 100 pages qui commence très bien, une belle écriture, qui emprunte au langage maritime, mais plus largement à un registre courant. Phrases courtes, un peu de dialogue, mais sans tirets ni guillemets, Vincent Almendros se permet même de reproduire les fautes de français de Lone qui ne maîtrise pas totalement notre langue. Tout cela est bien vu et franchement agréable. C'est ce qu'il me restera de cette lecture, qui pour le reste est décevante. J'aime les courts romans lorsque justement dans leur format resserré, ils vont à l'essentiel, évitent donc le superflu et dressent néanmoins de beaux portraits et racontent une histoire. Là, on a l'histoire, la fin est construite comme une chute de nouvelle, inattendue mais pas surprenante. Ce qui m'embête surtout, c'est qu'une fois le livre fini, ce qui arrive vite, je me suis dit "tout ça pour ça ?". Franchement, ma déception est à la hauteur de mes attentes : un roman court publié chez Minuit, ça m'excite avant même de l'avoir ouvert -bon, rassurez-vous, quand je dis ça m'excite, rien de sexuel, je ne suis pas fétichiste des livres et je ne fais rien de pervers avec eux, je me contente de les lire, de les commenter et de les ranger ensuite.

V. Almendros survole ses personnages, ne leur donne pas d'ossature, leurs relations restent peu décrites, même celles qui concernent Pierre et Jeanne. Ils sont transparents, interchangeables. Jamais je n'ai pu m'intéresser à eux, savoir s'ils étaient aimables ou détestables, comme ces vagues connaissances que l'on croise et recroise et qu'on oublie à peine sorties de notre champ visuel. Sans volonté expresse de ma part, c'est bien ce qui risque d'arriver à ce livre : vite lu, vite oublié. Pour finir et juste pour montrer que j'ai des lettres -c'est pour ne pas écrire "pour frimer"-, j'ai envie de déclamer à l'auteur : "C'est un peu court, jeune homme ! On pouvait dire... Oh ! Dieu ! Bien des choses en somme."

Des avis plus favorables sur Babelio. Itzamna aussi...

Voir les commentaires

Trait bleu

Publié le par Yv

Trait bleu, Jacques Bablon, Jigal, 2015.....

Lorsque le corps de Julian McBridge est retrouvé au fond d'un lac qu'on vient d'assécher, la police sait qui aller trouver pour le mettre en taule pour meurtre. L'homme, le narrateur, y va mais ne dit pas tout. Il est libéré quelques semaines plus tard, parce que son pote Iggy est le vrai meurtrier. Iggy se pend en cellule. L'homme retourne vivre dans sa maison dévastée par des voyous, retrouve un cadavre dans son jardin et est mis à mal par quatre malfrats qui lui réclament une grosse somme d'argent qu'Iggy leur a subtilisée. Et puis, Pete, l'homme à la Harley apparaît et Big Jim et Liza et un homme qui ne dit rien ni ne bouge.

Roman déjanté qui se passe en pleine campagne profonde étasunienne. Les bars louches avec filles qui se trémoussent ou musiques traditionnelles-country, les routes défoncées, les flingues dans toutes les mains, les grands espaces, ... Les voyous aussi de tous bords, les voyous gentils un peu comme le narrateur et puis les méchants, les vrais durs qui n'hésitent pas à torturer, violenter et tuer pour récupérer leur paquet de fric. Ça déménage. Jacques Bablon ne fait pas dans le léger. Pour reprendre une image du bouquin, on n'est pas accompagné de Rachmaninov, mais plutôt d'un bon vieux groupe de Bluegrass : tendez l'oreille, vous entendez les banjos, violons et guitares et même les bruits des bottes des joueurs et spectateurs qui battent la mesure rapide sur le parquet du rade local. L'histoire va vite, à peine un problème semble-t-il résolu qu'un autre surgit, c'est même sidérant de voir qu'autant de choses peuvent arriver à un mec en seulement 150 pages ! Et je vous épargne les belles rencontres féminines pas nombreuses mais marquantes.

Passons à l'écriture, elle colle parfaitement à l'histoire : un style rapide, des phrases courtes, parfois nominales, de l'argot, du langage familier, peu de dialogues, de l'humour, du détachement, de la désinvolture, un vrai style roman noir, bien poisseux, un truc qui vous colle à la peau et ne vous lâche plus comme ce livre qui, une fois ouvert, empêchera toute velléité de le quitter avant la fin. De l'efficace, du jouissif, un pur plaisir de lecteur amateur de polar ou pas -et en plus, je confesse ne point trop aimer les romans étasuniens (mais bon, celui-ci est écrit par un Français), c'est dire s'il est bon. Pour vous mettre définitivement -sans espoir de passer à côté- l'eau à la bouche, je vous cite le tout début, qui est aussi la quatrième de couverture :

"Tout a commencé quand on a retrouvé le corps de Julian McBridge au fond de l'étang que les Jones avaient fait assécher pour compter les carpes. Ils auraient plutôt eu l'idée de repeindre leur porte de grange ou de s'enfiler en buvant des Budweiser et c'était bon pour moi. McBridge n'était pas venu ici faire trempette, ça faisait deux ans déjà que je l'avais balancé là par une nuit sans lune avec un couteau de chasse planté dans le bide. 835 carpes et 1 restant de McBridge. Les Jones avaient un cadavre sur les bras, ils ont commencé à se poser les questions qui vont avec et, de fil en aiguille, les flics ont fini par me mettre la main dessus." (p.5)

Voir les commentaires

<< < 1 2