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Black Bazar

Publié le par Yv

Black Bazar, Alain Mabanckou, Seuil, 2009

Le narrateur est un "dandy africain [...] qui découvre sa vocation d'écrivain au détour d'un chagrin d'amour". Il vit en France depuis une quinzaine d'années et décrit son entourage : amis, voisins, et gens de la nuit afro-parisienne.

Je ne suis ni Africain, ni Parisien, mais j'ai bien aimé ce roman de Alain Mabanckou. J'ai trouvé le même plaisir que j'avais éprouvé à lire les Mémoires de porc-épic du même auteur. De la verve, de la truculence, pour reprendre les mots de la quatrième de couverture. Des personnages pittoresques et hauts en couleur -sans mauvais jeu de mots. Une écriture "comme on parle" favorisée également par un procédé habilement utilisé : l'auteur émaille son texte de diverses références à Aimé Césaire, bien sûr, à Georges Brassens ou encore à Guillaume Apollinaire (et son poème Sous le pont Mirabeau), en les intégrant directement à son propos : "[les Chinois et les Pakistanais] sont des braves types à qui on colle injustement la mauvaise réputation qu'ils se démènent ou qu'ils restent cois alors qu'ils ne font du mal à personne." Tous les poncifs sur les immigrés africains sont abordés, triturés, torturés. On se demande parfois si A. Mabanckou n'en rajoute pas un peu dans la banalité, mais ce n'est pas mauvais de se faire bousculer un peu par quelqu'un qui sait de quoi il parle lorsqu'il parle de négritude et qui sait ce que c'est qu'être Noir au quotidien, dans un pays de Blancs, même si ses propos n'ont rien de révolutionnaire. On les a déjà entendus, ou lus, mais probablement reflètent-ils la réalité des Noirs vivant en Europe ? Et puis, pour l'avoir vu à la télévision, je trouve Alain Mabanckou très intéressant, assez proche de l'image que je me fais de son héros.

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La solitude des nombres premiers

Publié le par Yv

La solitude des nombres premiers, Paolo Giordano, Ed. Seuil, 2009
Mattia est surdoué, passionné de mathématiques, mais hanté par la disparition de sa sœur jumelle, il s'automutile. Alice, boiteuse, victime d'une chute de ski,  est anorexique. Ils se rencontrent à l'adolescence et entre lui, qui refuse d'être sociable et elle qui le voudrait mais qui ne réussit pas à se faire d'amis, une sorte de relation amicale naît. Leurs enfances douloureuses qu'ils ne se sont pas racontées les lient cependant. Ce roman les suit de 1983 à 2007, c'est à dire de leur enfance à leur entrée dans la trentaine, par touches successives. Non pas année par année à la manière d'un journal, mais chaque chapitre est séparé de l'autre d'environ 6 ou 7 ans.
Lorsque Chez les filles m'a proposé la lecture de ce roman, j'ai accepté grâce aux billets d'Hathaway , d'Armande et de Crapouillaud, très emballées. Et bien, merci les filles, car c'est vraiment un beau roman. Deux personnages un peu paumés, à la marge, complètement décalés et perturbés. Avec eux, l'auteur construit une histoire touchante et passionnante. Je me suis demandé tout au long de ma lecture s'ils allaient réussir à quelque chose, s'ils allaient se sortir de leurs situations respectives. Totalement original, je n'ai jamais eu la sensation de lire un roman déjà écrit. Sans parler de suspense, rien n'est prévisible, ou alors, c'est moi qui me suis laissé avoir, et ma fois, tant mieux.

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L'écorce et la chair

Publié le par Yv

L'écorce et la chair, Eric Pessan et Patricia Cartereau, Ed. du Chemin de fer, 2008


Une femme roule à travers l'Italie, une fillette à bord de sa voiture. On ne sait ni qui elles sont, ni le lien qui les lie. Elles voyagent ensemble. Elles errent plutôt, tellement leur voyage est improvisé et imprévisible.
Eric Pessan est un écrivain que j'aime bien, je l'ai découvert avec Les Géocroiseurs. Il livre ici  une petite histoire pudique d'une femme en pleine interrogation. Je ne vous dirai pas que j'ai été surpris par la fin, mais j'ai pris plaisir à suivre l'errance de cette femme et de cette fillette. La forme du livre est originale : chaque paragraphe porte comme titre un chiffre -ou un nombre- qui, d'après mes déductions relate le nombre de mots écrits à l'intérieur de ce dit paragraphe. En outre, le texte est illustré de dessins de Patricia Cartereau -cf la couverture-, sorte de bestiaire et d'herbier colorés. Le seul regret est que les dessins sont trop petits pour être appréciés à leur juste valeur ; néanmoins ils font, associés au texte, de ce petit livre, un joli recueil.

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Tout seul

Publié le par Yv

Tout seul, Chabouté, Ed. Vents d'Ouest, 2008
Tout seul est surnommé ainsi parce qu'il vit donc, tout seul, dans un phare en pleine mer. Un pêcheur du coin l'approvisionne en denrées, hebdomadairement. Personne d'autre que lui ne sait qu'il vit là sauf son second, lequel est très intrigué par ce bonhomme, Tout seul, que personne ne voit jamais.
J'aime beaucoup les BD de Chabouté. Il pousse ici très loin ce qu'il fait un peu d'habitude : l'absence de dialogue. Je n'ai pas compté les mots échangés dans les phylactères (les bulles de BD, ça c'est mon côté intello !), mais on pourrait presque les dénombrer sur les doigts des mains (j'exagère un peu), pour un livre de plus de 300 pages (au format plus réduit qu'une BD traditionnelle) ! Eh bien, ça marche. Chabouté dessine la solitude, les questionnements comme on lirait de longues descriptions dans un livre écrit. C'est formidable de justesse, de simplicité. On passe en tant que lecteur (?) de la curiosité à la compassion, jamais à la pitié. L'atmosphère est moins pesante que dans les précédents recueils de Chabouté, on sent qu'il a de la tendresse pour ses personnages et qu'il connait et aime particulièrement la mer et ses environs.

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No et moi

Publié le par Yv

No et moi, Delphine de Vigan, JC Lattès, 2007
Lou est une jeune fille de treize ans surdouée, timide, pas  bien dans sa peau. Obligée de faire un exposé scolaire, elle lance l'idée de relater le parcours d'une jeune SDF. Ce sera celui de No qu'elle rencontre "par hasard" dans une gare parisienne. Se noue alors entre les deux jeunes filles, une relation étrange, qui oscille entre amitié, entraide mutuelle, rejet. Lou décide de sauver No malgré les embûches rencontrées.


Beau roman empreint de fraternité, d'amitié, d'entraide. Il décrit ces sentiments sans jamais être mièvre, et c'est là toute la prouesse de l'auteure. Les personnages n'y sont ni angéliques, ni méchants typiques. Ils sont comme nous avec nos qualités et nos faiblesses. Lou est opiniâtre et motivée, No blasée et dépressive ; elles se rencontrent et s'apprécient pourtant. Chacune aidera l'autre à évoluer et à changer. Elles sont toutes deux très présentes dans le livre et Delphine de Vigan leur donne une envergure suffisante pour qu'on y croie, ainsi qu'aux autres intervenants de l'histoire.Tout cela est écrit de manière classique et très agréable. On se prend à aimer Lou et No et à vouloir les aider à se sortir de leurs situations. Mais je ne vous dévoilerai pas la fin, donc vous ne saurez pas si mon aide leur a été précieuse.

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Un secret

Publié le par Yv

Un secret, Philippe Grimbert, Grasset, 2004


"Fils unique, j'ai longtemps eu un frère." Voici la première phrase du livre de Philippe Grimbert. Un jeune garçon s'invente donc un frère et au fil des années qui passent va découvrir la vérité familiale : un secret de famille bien caché.


Voilà pour le "résumé" d'un livre beaucoup lu et d'un film (que je n'ai pas vu, j'ai souvent un train de retard) beaucoup vu. J'avais déjà beaucoup aimé La petite robe de Paul de P. Grimbert.
Dans Un secret, l'auteur sait nous amener là où il veut. Il nous ballade, nous raconte la vérité officielle et la vraie vérité si je puis dire, sur le même ton. Drôlement bien mené.  Récit violent, sincère et touchant. Je n'ose pas en dire plus pour ne rien dévoiler si ce n'est que j'ai maintenant très envie de voir le film.

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Je dois tout à ton oubli

Publié le par Yv

Je dois tout à ton oubli, Malika Mokeddem, Grasset, 2008
Une nuit, Selma Moufid, docteur à l'hôpital de Montpellier se réveille après un cauchemar : elle s'y voit très jeune enfant, environ cinquante ans auparavant, assister à l'étouffement d'un nouveau né, par sa mère, secondée de sa tante. Selma a depuis longtemps coupé les ponts avec sa famille qui vit toujours dans le désert algérien.


Ce livre est une réflexion sur la relation mère/fille, dans un contexte très particulier : mère algérienne qui vit dans le désert et fille émancipée, devenue européenne. Il est aussi prétexte à la présentation et à la critique des us et coutumes algériens : mariage organisé des filles, dépendance et obéissance des femmes, ... Autant de sujets passionnants traités par quelqu'un les connaissant bien. Malgré tout, je n'ai réussi qu'à survoler cette histoire. Jamais, je n'ai pu y entrer. Souvent on s'identifie aux personnages, ou l'on compatit. Ici, rien. Je ne nie pas les souffrances de Selma et de sa famille, mais j'y suis resté insensible. Pourquoi ? Je ne saurai vraiment le dire. Peut-être le style de l'auteure, peut-être la forme du livre (mi-roman-mi-récit) ? Je ne doute pas cependant qu'il puisse intéresser beaucoup de lecteurs, parce qu'il m'en reste l'idée d'un livre de qualité à côté duquel je suis passé.

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Elling

Publié le par Yv

Elling, Ingvar Ambjornsen, Ed. Gaïa, 2008
Elling, 34 ans vient de perdre sa maman avec laquelle il vivait depuis toujours. Il se retrouve dans une institution psychiatrique et doit partager sa chambre avec Kjell Bjarne, un colosse aux capacités de réflexion très limitées.
Ce roman est écrit du point de vue d'Elling. C'est parfois drôle, parfois émouvant. Mais que c'est long ! J'ai essayé de m'accrocher -jusqu'à la page 120 d'un livre qui en contient 320. La mise en page est dense : on sent que l'éditeur a voulu rentabiliser le papier. Le livre est extrêmement lent. Les personnages sont intéressants, attachants, mais j'avais l'impression de tourner en rond dans une histoire qui se répétait. Toujours est-il qu'honteusement, j'ai refermé ce livre et l'ai rendu à la bibliothèque ou un lecteur plus courageux que moi s'en régalera.

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Monsieur Ibrahim et les fleurs du Coran

Publié le par Yv

Monsieur Ibrahim et les fleurs du Coran, Eric-Emmanuel Schmitt, Albin Michel, 2001
Moïse, une grosse dizaine d'années vit tout seul avec son père qui le délaisse. Il se lie avec "l'arabe" du bas de la rue : "arabe, ça veut dire ouvert de huit heures du matin jusqu'à minuit et même le dimanche dans l'épicerie."
Je ne cours pas après les gros vendeurs de livres en général, mais j'avoue une faiblesse pour E-E Schmitt, depuis ma lecture d'Oscar et la dame rose. J'avais ensuite continué avec l'excellent La part de l'autre.
Monsieur Ibrahim raconte une très belle histoire . C'est aussi une réflexion sur la tolérance, l'amitié, un conte, un récit initiatique joliment raconté et qui a fait l'objet d'une adaptation cinématographique avec Omar Sharif dans le rôle de M. Ibrahim. Très fréquentable.

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