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Limite vide

Publié le par Yv

Limite vide. La femme du 16, Léo Betti, Ed. du basson, 2023

Vingt-quatre courtes nouvelles dans ce recueil intitulé Limite vide, suivies, d'un texte un peu plus long, La femme du 16.

Vingt-cinq textes donc, dans lesquels Léo Betti présente des personnages, des gens normaux, de ceux que l'on peut croiser quotidiennement : un pompiste, des clochards, des jeunes gens, des gens moins jeunes, des hétérosexuels, des homosexuels... bref, ceux qui font la société.

Ils ont tous ou presque tous en commun une certaine solitude, des amours contrariées, des envies ou des désirs avortés, morts avant même d'être plus que de simples pensées ou rêves. Autant dire que l'on est loin de la bagatelle et que les histoires de Léo Betti sont noires, sombres, vouées à une mélancolie certaine dans le meilleur des cas.

Tout cela pourrait détourner certains lecteurs qui auraient tort, car l'écriture de l'auteur est très belle, poétique parfois, directe, crue. La phrase en exergue du recueil est tirée d'une livre de Richard Bohringer et la première nouvelle, L'ami, est très bohringerienne, un hommage avec déjà le prénom d'un des deux personnages, Paulo et dans l'écriture également. "On piquait des trucs dans les Monoprix souvent, du saumon fumé, ce genre de trucs, des trucs chers, des trucs qu'on pouvait pas se payer. Puis on se faisait des apéros de bourges avec les trucs du Monoprix. C'est même pas vraiment volé, les deux tiers de la bouffe partent à la benne dans ce genre d'enseignes. C'est plutôt de la récup' anticipée. C'est ça qu'on se disait avec Paulo." (p.12/13)

Puis dans les nouvelles qui suivent, tout en gardant l'esprit, Léo Betti adopte un style plus cru, plus direct. Phrases courtes, voire nominales. Du rapide, de l'oralisé. Du sexe. Du cru. Du brut. Du brutal. Pas du violent dans l'écriture -rien n'est insurmontable à lire- mais du violent dans les situations, dans les vies des personnages : vies brisées par la violence des parents, physique ou orale, par un compagnon, par un abandon, celui d 'une femme, d'un homme, d'un enfant... Les gens que Léo Betti décrit vivent, douloureusement certes, mais ils vivent, dans un monde qui leur est hostile. Anonymement, loin des yeux des passants, de nos yeux. Volontairement parce qu'ils révèlent en nous ce que nous n'avons pas envie de voir. Ou involontairement, parce que nous avons tous nos soucis, nos préoccupations, nos difficultés...

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L
pas sure de lire ces nouvelles
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Y
pas du polar, mais du noir