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Hôtel Lebac

Publié le par Yv

Hôtel Lebac, Carlos Caillabet, Baromètre, 2022 (traduit par Thomas Evellin)

Montevideo, 1960, Tomy, 14 ans, vit seul avec Marta sa mère qui ne parvient plus à payer le loyer de leur maison. Ils déménagent pour une pension tenue par un homme nommé Lebac. A l'hôtel Lebac vivent, outre le propriétaire, deux jeunes frères étudiants en médecine, un couple de personnes âgées, une vieille fille revêche, infirmière et un cinquantenaire veuf.

Tomy raconte les quelques mois qu'il passe avec ces gens et sa rencontre avec Julio et don Manuel patron de bar. Quelques mois qui le feront découvrir d'autres vies que la sienne et celle de Marta, des vies totalement différentes des leurs.

Très belle illustration de couverture de la version française due à Florent Mulot qui donne envie d'entrer à l'hôtel Lebac. Et une fois entré, on n'est pas déçu par l'ambiance ni par les personnages qui y habitent. C'est un court et très beau roman qui raconte une époque révolue, celle des pensions de famille dans lesquelles se côtoyaient des gens très différents, des artistes, des solitaires, des fêtards, souvent pauvres... Je ne connais pas bien l'Uruguay, je sais que la dictature militaire arrivera une dizaine d'années plus tard pour presque quinze ans, Carlos Caillabet en sera une des nombreuses victimes puisqu'emprisonné de 1972 à 1985 pour activités au sein d'un mouvement d'extrême gauche.

Dans son roman, il raconte un pays libre, dans lequel un jeune homme apprend la vie au hasard de ses rencontres. Pas totalement insouciant parce que sa mère peine à payer la pension et trouver du travail, il a néanmoins des préoccupations d'adolescent. C'est avec beaucoup d'humour que Carlos Caillabet écrit ce roman d'initiation, un humour teinté de nostalgie et de gravité pour décrire sa génération -il est né en 1948- et celle de ses parents. Il met en exergue une citation de J.D. Salinger dans L'Attrape-cœurs, qui exprime assez bien ce que l'on ressent à la lecture, cette nostalgie des gens rencontrés qu'on ne voit plus : "Mieux vaut ne jamais raconter à personne. Dès lors que l'on commence à raconter, le monde entier se met à nous manquer."  Et pourtant, ils racontent... pour notre plus grand plaisir

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