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Gisèle

Publié le par Yv

Gisèle, Denis Flageul, In8, 2022

Gisèle, après une vie de travail à l'abattoir est à la retraite. Soixante-quatre ans. Pavillon triste, dans une petite ville bretonne pas forcément plus joyeuse. Veuve, mari décédé du cancer. Seule. Son fils Jean-Marc ne vient presque plus. Lui, la trentaine, toujours pas rangé. Gisèle, elle, n'a pas oublié, lorqu'il était mineur, les multiples trajets jusqu'à la gendarmerie pour aller le chercher. Et là, ça recommence. Tout cela parce qu'un jour, après l'irruption et la fouille brève du grenier par Jean-Marc, deux types sont passés chez elle et l'ont menacée. Elle doit retrouver son fils et leur dire où il est.

Chez In8, on fait des romans, mais on fait aussi dans la nouvelle noire, la collection Polaroïd. Et dire que cette collection est excellente est un euphémisme. C'est dans celle-ci que j'ai déjà lu Denis Flageul, avec Pêche interdite. Changement de décor, même si la Bretagne reste présente.

Elle est attachante Gisèle. Une vie de labeur pour en arriver à une retraite morne. Pas de rêve. Pas les moyens. Plus de fils ou si peu. Des amis ? Même pas. Gisèle, elle clape pas dehors et elle aurait pas dû ouvrir, non pas à la rouquine carmélite, mais aux deux types qui vont l'entraîner dans une histoire noire avec flingue et poursuites. L'écriture de Denis Flageul est sèche, va au plus direct. Pas de temps mort, la vie de Gisèle augmente de rythme. Un court polar drôlement bien mené. Très réaliste, car il parle de gens qu'on croise, qu'on connaît, dans des situations -hors l'intrigue noire- quotidiennes, habituelles. J'aime ça lorsque le polar, le noir s'immisce dans la normalité, surtout lorsque c'est aussi bien fait que cela.

Et puis, il y a toute la partie où Gisèle prend conscience que sa vie est sinon ratée au moins pas vraiment idyllique et que c'est le lot de pas mal de petites gens. Sa belle-fille et son petit-fils aussi : "Elle se refusait à se figurer Karine et Julien dans quelques années. Mais en même temps elle ne pouvait pas s'empêcher d'y penser. Comme si elle savait qu'on s'engage toujours dans les mêmes ornières, qu'on est tous entraînés par le même torrent. Karine et Julien et avant Gisèle et Jean-Marc." (p.37)

Tout cela dans un petit livre avec en plus une bonne tête de chien sur la couverture, c'est tentant, n'est-il pas ?

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C
Cela pourrait bien me plaire à te lire ! :)
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Y
C'est très bien comme toujours chez in8
L
la tristesse des pavillons bretons en périphérie de petites villes pas très vivantes c'est dur dur
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Y
j'aurais pu écrire cela pour n'importe quel endroit de France, mais il se trouve que ça se passe en Bretagne
S
"la rouquine carmélite" !! :-D
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Y
Je n'en ai jamais douté
S
Je l'ai, bien sûr :-D A.B.
Y
Il faut avoir la référence...