Des coccinelles dans des noyaux de cerise

Des coccinelles dans des noyaux de cerise, Nan Aurousseau, Folio, 2019 (Buchet-Chastel, 2017).....
François est un demi-sel, un petit voyou parisien, incarcéré à Fresnes. Il partage sa cellule avec Le Vieux, un malfrat de la même envergure, fatigué. Pour leurs derniers mois, c'est Mehdi qui viendra faire le troisième dans leur neuf mètres-carrés, et là ce n'est plus le même sirop. Mehdi, c'est le grand banditisme, l'élite de la profession, braquage en tous genres et magot bien planqué, que personne n'a trouvé, ni les flics ni ses complices. François a un plan, un gros coup à Paris, un truc auquel il cogite depuis longtemps et si Mehdi lui tendait la paluche, ça aurait de la gueule.
Il m'a suffit de ce titre énigmatique pour me tenter. Et qu'est-ce que j'ai bien fait de céder ! Ce roman qui débute comme un petit polar un peu pépère s'emballe et se punchise pour enthousiasmer ses lecteurs. Je ne savais pas à quoi m'attendre et même si j'avais eu une petite idée, j'aurais été surpris, alors dire que je me suis régalé est un euphémisme.
D'abord, il y a François, un personnage pâlot, qui se met en ménage avec une pièce spéciale : "J'ai quand même une amie, une femme, ma femme, elle est pas trop vieille mais elle est laide, c'est une vraie conne et elle m'aime." (p.14). Les portraits sont réjouissants, pas ragoûtants, on ne fréquente pas la crème de la crème. Et avec tout cela, Nan Aurousseau construit un roman noir excellent. Ensuite, il y a la langue qui fait qu'on s'y plaît, une langue de voyou, crue, directe, argotique, violente. Et puis il y a le crescendo de l'intrigue qui m'a cueilli et m'a empêché de regarder un bon gros navet à la télé puisque je devais absolument en connaître le fin mot. Pour tout cela, que Nan Aurousseau soit remercié. Quel pied !