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Des fleurs dans le vent

Publié le par Yv

Des fleurs dans le vent, Sonia Ristić, Intervalles, 2018.....

2007, Summer, jeune femme presque trentenaire rejoint Jean-Charles dit JC à la gare du nord. Ensemble, ils se rendent à Fresnes, à la prison, de laquelle sort le troisième larron du trio d'amis d'enfance, Alain-Amadou dit Douma. Ces trois-là se connaissent depuis la toute fin des années 70, juste avant l'élection de François Mitterrand. Ils vivaient dans le même immeuble à l'angle de la rue Myrha et du boulevard Barbès, se sont trouvés et ne se quittent jamais sans la promesse toujours tenue de se revoir. 

Sonia Ristić a, quel honneur -pour moi évidemment-, déjà été chroniquée sur ce blog pour son roman La belle affaire. Un avis mitigé que j'avais rédigé alors. Cette fois-ci, je tergiverserai moins parce que j'ai beaucoup aimé Des fleurs dans le vent. Au fil des pages, on retraverse -"re" pour les moins jeunes d'entre nous- les années 80, 90 et 2000. J'ai aimé cette image de "la créature mêlée emmêlée" qui naît ce soir du 10 mai 1981 : "trois corps d'enfants accrochés les uns aux autres par les dents et les ongles" qui revient si ce n'est dans cette position exacte au moins dans le lien qui unit ces trois-là. Ils sont besoin de se sentir, de se toucher, de vivre.

Roman initiatique, celui du passage de l'enfance à l'âge adulte. Roman d'une génération, d'une amitié hors du commun. Chacun aura son histoire individuelle, mènera sa vie comme il l'entend mais toujours sous le regard des deux autres. Pas de jugement, juste de l'écoute, de l'ouverture d'esprit et de la compréhension. 

Sonia Ristić ajoute à son histoire d'amitié les origines, les familles, les éducations diverses. C'est dans la différence que l'on s'enrichit, cela reste un adage fort, à maintenir à tous prix, l'auteure l'illustre ici à merveille. 

Son roman est fin, pose des questions sur l'amitié, la solitude, l'amour, la manière de "réussir" sa vie -que je mets volontairement entre guillemets car pour moi, c'est quasiment un oxymoron. On peut réussir un plat, une rénovation de maison, un tricot, ... mais sa vie, on la vit. Point. Qui peut juger d'une vie réussie ou pas ? 

Sonia Ristić invente de beaux personnages, qui ne vont pas toujours très bien certes, mais qui essaient de relever la tête, qui se bougent pour rebondir, pour vivre tout simplement. Son roman est ponctué des grands événements des trente dernières années, une toile de fond qui peut aussi expliquer certaines bifurcations prises par certains d'entre nous qui n'ont pas suivi un chemin tout tracé et rectiligne et des attitudes et comportements de maintenant, entre repli sur soi, peur de l'autre, extrémismes, ... . Roman fin et émouvant, tendre et pour autant pas mièvre ni complaisant. Il y souffle -malgré ce que j'ai écrit plus haut- un petit vent d'optimisme et de joie de vivre qui me sied parfaitement. Longtemps -tant mieux- me hantera l'esprit cette "créature mêlée emmêlée".

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M
Et bien cela donne envie de découvrir ce roman...je n'ai encore lu aucune critique sur lui...je le note !
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Y
Tant mieux, c'est une belle lecture, tu verras
K
Tiens, deuxième billet enthousiaste ce matin...
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Y
Je n'ai pas encore vu l'autre, mais ça ne m'étonne pas