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Seules les femmes sont éternelles

Publié le par Yv

Seules les femmes sont éternelles, Frédéric Lenormand, La Martinière, 2017.....

L'inspecteur Raymond Février, en ce début de la guerre de 1914 n'a d'autre solution que de prendre l'identité d'une femme pour éviter la mobilisation. Il devient Loulou Chandeleur, détective privée au sein de l'agence Barnett que la délicieuse Cecily maintient tant bien que mal depuis que son père est parti au front. La première affaire que ramène Loulou est celle qu'il a été obligé de stopper quand il a quitté la police. La baronne Schlésinger est victime d'un maître chanteur qui menace de tuer son fils envoyé sur le front. Cecily et Loulou se lancent sur une piste semée de surprises et de pièges.

Après la série de Voltaire mène l'enquête, voici le premier opus d'une nouvelle série policière signée Frédéric Lenormand : Les enquêtes de Loulou Chandeleur. Partant de l'histoire vraie de Paul Grappe qui s'est travesti pour échapper au front (cf. le film Nos années folles d'André Téchiné), le romancier bâtit un personnage appelé à revenir. Tant mieux. Ce qui est bien dans ce roman policier, c'est évidemment que Ray-Loulou évolue et que, habillée en femme, il se retrouve confronté aux regards et pire si attirance, des hommes qu'il rencontre. Sa part féminine a tendance à prendre le dessus et même si ses instincts masculins reviennent parfois, cette part féminine l'aide à réfléchir -attendez les filles, ma phrase n'est pas finie, nous aussi les hommes on réfléchit, enfin certains- différemment. Et puis, on ne se refait pas, Ray-Loulou se retourne parfois sur des femmes qu'il croise et dont les robes ont tendance à se raccourcir en ce début de siècle, provoquant l'ire des hommes et des femmes qui le voient et le prennent pour une lesbienne. 

Frédéric Lenormand ne joue pas de la situation pour créer des situations grivoises ce qui eut été facile. Au contraire, il en profite pour relater le comportement masculin, qui n'a pas dû beaucoup changer si j'en juge par ces dernières semaines qui ont vu la parole se libérer et des hashtags se remplir de témoignages. Pour l'intrigue, elle est plus prétexte à faire découvrir les personnages, le contexte et le décor qu'à faire tenir en haleine les lecteurs, même si le tout se tient très bien jusqu'au bout. Dans sa galerie de personnages, principaux et secondaires, le romancier balaye un large spectre des différents comportements des Français pendant cette guerre.

J'ai beaucoup aimé ce premier titre pour tout ce que j'ai dit et aussi pour l'écriture de Frédéric Lenormand, qui sait se renouveler et qui, fort heureusement, n'use pas du même style que pour ses Voltaire. Il se fait plaisir et j'en redemande, j'en veux pour preuve ce chapitre -le 8- avec sa belle et longue métaphore filée culinaire voire légumière.

Ce n'est pas un roman aussi léger que la série avec Voltaire mais l'on sourit et l'on rit à certaines remarques, attitudes. Loulou est appelée à revenir et c'est avec un grand bonheur et une pointe d'impatience que je la retrouverai pour de nouvelles aventures.

PS : merci Le Merydien (voir les commentaires), je savais qu'il existait une BD sur le même sujet mais n'en avais pas retrouvé le titre ni l'auteur, c'est chose faite : Mauvais genre de Chloé Cruchaudet.

Commenter cet article
G
Effectivement, on est vraiment sur la même longueur d'ondes au sujet de ce roman!
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Y
Oui un très beau début qui laisse espérer une bonne suite
L
Décidément cette histoire attire car il y avait déjà eu la BD de Chloé Cruchaudet " mauvais genre" un peu avant le film
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Y
Ah, merci, j'ai cherché le titre et l'auteur en écrivant mon article et ne le trouvais pas, je vais le rajouter
A
Bravo pour les références cinématographiques.
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Y
je n'ai pas encore vu le film, mais en ait beaucoup entendu parler
K
J'avais hésité à le lire (la série voltaire ne m'attire pas) mais là tu en parles tellement bien... ^_^
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Y
J'aime bien Voltaire enquête, Loulou Chandeleur est très différente évidemment, ça vaut le coup de tenter la lecture de ce premier tome