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Petits hommes

Publié le par Yv

Petits hommes, Konrad Laghos, Intervalles, 2017...,

André, dix ans et son ami Jean sont comme tous les enfants de cet âge en 1996. Ils jouent aux cow-boys, lisent des BD, vont à l'école ; André aime bien Léonore qui n'a d'yeux que pour Bastien.

André a une passion pour le piano, transmise par son père qu'il ne voit pas beaucoup puisqu'il vit seul avec sa mère Marguerite dans cette petite ville de province du bord de Loire. Pourtant, un soir c'est William, son père, qui vient le chercher à l'école, et là, sa vie change.

Il y a deux parties dans ce roman. La première est la vie insouciante et joyeuse d'André. Je la commence avec envie avant de déchanter un peu me demandant bien où l'auteur veut m'emmener et en quoi ces péripéties enfantines peuvent bien intéresser qui que ce soit, sauf éventuellement un enfant. Je suis même un peu surpris que ce genre de livre soit publié chez Intervalles. Néanmoins, je persiste et d'un coup, l'événement qui change toute la face du livre survient. Et le livre un peu naïf devient la confrontation des enfants au monde des adultes et à sa violence. Pour autant, Konrad Laghos maintient une certaine légèreté qui permet de passer d'une partie à l'autre sans faire le grand écart fatal -à mon âge, on ne s'amuse plus à ce genre de défi, déjà que plus jeune, je ne le faisais pas...- et la seconde partie récompense le lecteur opiniâtre que je fus sur ce coup.

C'est le style du romancier qui rend tour à tour son roman un peu long mais aussi et surtout très bien. Une écriture très réaliste, très descriptive des moindres faits et gestes, qui rend bien le point de vue enfantin, mais qui peut lasser lorsque le fond n'y est pas, alors qu'elle permet de faire passer plus d'émotions et de légèreté voire d'humour par un certain décalage lorsque les situations s'aggravent. Phrases courtes, vocabulaire volontairement simple, pas mal de dialogues, ce court roman se lit vite, il est très agréable, plaisant sur des thèmes souvent traités et pourtant pas évidents comme l'absence du père, le passage de l'enfance à l'adolescence, l'amitié, la prise de conscience de la violence du monde adulte, entre trahisons, tromperies, cachotteries, ...

Konrad Laghos est un jeune auteur qui signe là son premier roman qui débute par ces phrases vous permettant de deviner dans quelle ville il a situé son histoire, qui n'est jamais nommée :

"C'était dans une ville ni petite ni grande, un temps plus royale que Paris, au cœur de laquelle se trouvait un château qui aurait pu figurer dans un conte pour enfants si un duc n'y avait été assassiné. Il y faisait bon vivre. Le fleuve coulait le long des berges sauvages. L'été, des îlots se formaient et on pouvait pique-niquer sur les pierres en traversant à gué. L'hiver, quand il faisait très froid, le fleuve était huileux et les eaux tourbillonnaient sous les arches du pont." (p.7)

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A
Un peu long mais très bien ?
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Y
oui la seconde partie sauve l'ensemble