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Lagos lady

Publié le par Yv

Lagos lady, Leye Adenle, Points, 2017 (première édition, Métailié, 2016, traduit par David Fauquemberg)....,

Guy Collins, journaliste britannique pour une start-up, est envoyé par son patron à Lagos, Nigéria, pour enquêter sur les prochaines élections présidentielles et les risques élevés de fraude. Un soir, une jeune femme est tuée, les seins tranchés, Guy, sur les lieux est emmené par la police pour être entendu et suspecté. Il est tiré de ce mauvais pas par la sublime Amaka, ange-gardien des prostituées de Lagos qui compte sur lui pour faire un reportage sur ses protégées.

Nouveau titre dans la sélection du Prix du meilleur polar Points, et très bon choix. Si je relate quelques longueurs en fin de volume, qui ralentissent un peu le rythme, c'est vraiment pour dire du mal, c'est mon côté râleur, parce que ces courts passages sont vite oubliés tant ce polar est bon. Rythme et ambiances tendus, c'est vraiment un roman noir, très noir. En plus de nous embarquer sur une enquête passionnante, Leye Adenle parle de son pays, de la corruption, de la pauvreté, des riches -parfois pas Nigérians- qui contrôlent le pays et font en sorte d'en profiter. Le constat est violent, amer et cruel, toutes ces filles jeunes voire très jeunes, contraintes à la prostitution et ces hommes violents et impitoyables avec elles : "Certaines épongeaient les dettes de leur famille. Pas une ne dépensait cet argent pour des choses aussi frivoles que des vêtements de marque ou des vacances. Toutes vendaient leur corps pour une bonne raison, aussi dérangeant que cela puisse paraître." (p.267/268). Je ne sais pas si l'association d'Amaka existe réellement, qui tente de sortir ces jeunes femmes de la rue, mais elle est plus que nécessaire, vitale. Leye Adenle n'est pas tendre avec les élites de son pays qui trempent dans toutes les combines possibles pourvu qu'elles rapportent : drogue, prostitution, meurtres rituels, ...

La femme nigérianne est totalement bafouée. Lorsqu'elle est mariée, elle est allègrement trompée. Lorsqu'elle ne l'est pas, elle sert de jouet sexuel aux hommes. C'est tout cela que nous fait découvrir le romancier nigérian, en plus des conditions de vie difficiles de beaucoup de ses compatriotes, opposées à ceux qui croulent sous les dollars, la violence quotidienne qui vient parfois de ceux censés protéger, les policiers, ... Vivre au Nigéria ne doit pas être reposant. Ce polar, par son rythme, les images qu'il fait naître, les personnages forts et ambigus le montre bien. Car en plus d'être un polar disons social ou sociétal, il repose sur une intrigue alambiquée, qui ne se dévoile vraiment qu'à la fin, chaque intervenant laissant planer un doute quant à son implication réelle dans tel ou tel camp. De fait, on ne sait jamais -sauf pour Guy Collins- si untel est un malfrat, voire un tortionnaire, ou un type bien qui cherche à protéger les prostituées et à aider Amaka -elle-même nous fait douter parfois...

Un exercice totalement maîtrisé par Leye Adenle -même si parfois, les noms et surnoms m'embrouillent un peu-, un premier roman bluffant, terriblement excitant tant on se refuse à le poser avant de l'avoir fini.

Pour le moment, c'est avec Snjor, pour moi, le meilleur de la sélection.

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V
Je lui avais trouvé, comme toi, du charme et quelques longueurs. Et je l'avais préféré à Snjor.
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Y
oui moi aussi, Snjor n'est pas mon numéro 1
T
Comme je suis très en retard dans mes lectures pour le prix, je n'ai pas encore lu celui-ci. Mais après avoir lu ton billet, il sera sans aucun doute le prochain que je vais lire !
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Y
Pour le moment, il est dans mon trio de tête, pas un coup de cœur, mais très bien
Z
une découverte à faire
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Y
sans aucun doute
A
Il faut prendre des notes pour les noms des personnages, si je comprends bien.
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Y
ça peut être une solution