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La reine en jaune

Publié le par Yv

La reine en jaune, Anders Fager, Mirobole, 2017 (traduit par Carine Bruy)...,

Recueil de nouvelles et d'interludes intitulés Fragments qui se recoupent tous. Des personnages des fragments viennent dans les nouvelles et vice-versa et certains personnages secondaires d'une nouvelle ont le rôle principal dans une suivante et re-vice-versa. Le tout forme une sorte de roman indescriptible, un joyeux mélange des genres original. 

- Le chef d'œuvre de Mademoiselle Witt : My Witt est une artiste trash qui use de son corps pour ses expositions. La dernière en date se met bon nombre de personnes à dos puisqu'il s'agit d'art pornographique.

- Cérémonies : le personnel d'une maison de retraite et les résidents se regroupent au quatrième étage pour des séances rituelles on ne peut moins bizarres, héritées d'un autre temps.

- Quand la mort vint à Bodskär : lorsqu'une équipe de militaires surentraînés est exposée à des étrangetés, la réaction de chacun est parfois inattendue et démesurée.

- La reine en jaune : et revoici My Witt, internée, totalement incontrôlable qui tente justement de se ressaisir.

- Le voyage de Grand-mère : Zami et Janoch débutent un long voyage pour escorter Grand-mère. Un voyage étrange avec une grand-mère qui grogne et montre les crocs.

Sans oublier les Fragments qui séparent les nouvelles et qui en reprennent les différents protagonistes. 

Lire Anders Fager n'est pas de tout repos. Je le savais puisque j'avais déjà lu Les furies de Borås. Bis repetita. Mêmes remarques et mêmes sensations dans ce nouvel opus. Il faut aimer le genre barré, décalé, allumé. Il faut ne pas avoir peur de lire du trash, du dévergondé, du violent et du dur. C’est tout cela l’univers de l’auteur. Et en même temps, ça peut être drôle. Mais ce sont surtout de belles réflexions sur divers sujets :

Qu’est-ce que l’art ? Jusqu’où aller en son nom ? La performance ou l’idée sont-elles déjà une œuvre artistique ?

Mais aussi : l’obéissance doit-elle mener jusqu’au pire ? Doit-on se rebeller lorsqu’on sait qu’un ordre nuit à autrui et finalement à soi ?

Ou encore : comment prendre soin des gens en difficulté, handicapés, internés, vieux ? La maltraitance dans les divers lieux d’accueil.

Il y a aussi des passages de pur irréalité, ou vécus comme tel par moi, car je dois bien avouer que parfois, j’étais perdu et ne comprenais pas trop ce que je lisais, sans avoir pourtant l’idée de passer des pages ou de fermer le livre et de le poser sans le finir. Car Anders Fager emporte le lecteur dans une foultitude de situations, dans son imagination plus que débordante, avec des personnages loufoques –ça c’est quand ils sont sympathiques-, inquiétants ou même franchement flippants.

Mirobole a la bonne idée de sélectionner les textes d’Anders Fager et de les mettre en page de très belle manière. J’aime beaucoup les liens entre les nouvelles et les Fragments, j’aime la façon dont tous les textes a priori indépendants se croisent et se succèdent. Une belle lecture pour se faire un peu peur et surtout pour changer des textes parfois un peu pâlots que l’on peut lire.

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M
Je viens justement de récupérer mon exemplaire de chez le libraire ! J'avais découvert moi aussi Les Furies de Boras, premier recueil traduit en français des nouvelles de Fager. Ton article me donne encore plus envie de débuter la lecture, même si je n'avais pas besoin de beaucoup d'élan tant la découverte des Furies m'avait fait l'effet d'un uppercut à l'estomac. Des lieues au dessus de ce que l'on peut lire dans le sillage fourni des écrits devant à l'héritage des Grands Anciens (Lovecraft, ou Chambers, dont ce Reine en Jaune est un clin d'oeil au Roi de Jaune Vêtu). Au mal être des situations que ces pionniers maîtrisaient, Fager rajoute une écriture qui lui est propre : âpre, cruelle, malsaine souvent, profondément sexuée, et qui vous colle littéralement à la peau. Je lis beaucoup, oublie largement ce qui ne possède pas d'accroche, mais un an après avoir lu le premier recueil, je me souviens parfaitement de chaque histoire, un malaise étrange me donnant envie d'encore y retourner... A lire, absolument !
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Y
Tu y retrouveras tout ce que tu as aimé dans Les furies de Boras, aucun dépaysement, enfin si l'on considère que lire Fager ce n'est pas du dépaysement.Je t'en souhaite une bonne lecture mais je n'en doute pas
A
Malgré le nom de l'éditeur, je ne suis pas pleinement convaincue.
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Y
c'est un genre qui peut déplaire
Z
Juste le nom de l'éditeur et je rapplique ventre à terre
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Y
Tout pareil pour moi
K
Comme souvent chez toi, c'est du nouveau, du tentant (et du pas trouvé en bibli, snif!) Il va falloir que je leur vante Mirobole.
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Y
Ah oui, c'est important de leur parler de Mirobole...
M
Comme le plus souvent quand je viens ici, je ne connais pas du tout cet auteur ! L'idée de lire des écrits loufoques et décalés, même durs, mais reliés entre eux, me tentent...en lisant ta chronique, même si habituellement je ne suis pas fan de nouvelles. Alors je note...encore et ma liste 2017 est déjà bien longue vue qu'elle se rajoute à tout ce qui me tentait en 2016 et que je n'ai pas réussi à lire :) Bon dimanche
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Y
Ce sont des nouvelles, certes, mais les liens entre elles pourraient nous faire penser finalement à un roman entrecoupés de chapitres un peu différents... Ou des nouvelles liées entres elles.