L'affaire de l'homme à l'escarpin

L'affaire de l'homme à l'escarpin, Jean-Christophe Portes, City éditions, 2016...,
Paris, juillet 1791, les partisans du retour du roi, ceux qui veulent mettre à sa place le duc d'Orléans, régent de son fils et enfin les républicains s'affrontent. La tension monte jusqu'à ce qu'on appellera plus tard La fusillade du Champ de Mars.
Dans le même temps un jeune homme est assassiné ; son corps est retrouvé, nu à l'exception d'un escarpin. Ce jeune homme était homosexuel et fréquentait beaucoup ce milieu, mais il travaillait aussi pour un journal politique. Victor Dauterive, sous-lieutenant de la gendarmerie est convaincu que son meurtre est lié à une manœuvre politique. Le jeune gendarme, protégé de Lafayette, accepte une mission d'infiltration dans un groupe de révolutionnaires très actifs.
Deuxième tome des aventures de Victor Dauterive, agréablement lancées avec L’affaire des corps sans tête. Dans ma recension de ce premier opus, j’avais évoqué quelques minimes réserves, notamment l’une sur la mise en page, corrigée sur le deuxième ; aussi je me permets de réitérer celle concernant la longueur de l’ouvrage, toujours un peu trop mou à certains moments –cela n’engage que moi-, comme s’il fallait atteindre 400 pages à tout prix. Je ne résiste pas non plus à la vacherie de signaler pas mal de coquilles jusque dans la note au lecteur précisant le travail d’écriture et de documentation. Documentation justement, importante et nécessaire : le livre fourmille de détails, de pans de l’histoire par moi oubliés. Je dois dire que je connais assez succinctement l’histoire de la Révolution et je sais gré à JC Portes de m’instruire. Parce que c’est vraiment le cas, il m’apprend plein de choses sur cette période et sur certains personnages de l’époque tels Danton qui fut longtemps rémunéré par le roi pour un éventuel retour au pouvoir, ou Olympe de Gouges, ou encore Choderlos de Laclos plus connu maintenant pour son roman Les liaisons dangereuses que pour ses activités politiques… J’adore cela, apprendre dans une forme de légèreté qu’est le roman populaire. Parce que je viens de finir un vrai roman populaire : un livre qui devrait plaire au plus grand nombre et qui parle des gens et de notre histoire. Il est bâti comme les modèles du genre : contexte fort, personnages archétypaux –ce n’est pas une critique négative, l’archétype est nécessaire dans ce genre-, relations entre la fiction et le réel, intrigue, suspense, ...
Victor Dauterive est un garçon volontaire et droit, sympathique même s’il est un peu bourru et s’emporte aisément. L’enquête qu’il doit mener n’est pas simple et les rebondissements jusqu’à la toute fin ménagent le suspense. JC Portes maîtrise son intrigue et la manière de nous la proposer, il nous balade, nous met sur de fausses pistes ou supposées telles ; à l’instar de l’enquêteur, le lecteur se trompe, mais bien mené, il revient dans le bon chemin. Peut-être aurait-ce été une bonne idée que d’aller un peu plus loin sur l’homosexualité à l’époque –pénalisée, évidemment-, car s’il en est fait pas mal mention, on reste un peu en surface ; de même pour les enfants des rues… Mais tout cela pourra sans doute faire l’objet d’un troisième ou quatrième tome ?
Mis à part mes -petits- bémols, j’ai plongé dans ce roman historico-policier comme je l’avais fait pour le premier, et comme je le ferai très volontiers pour le suivant, car je ne doute pas que suivant il y aura. La série s’annonce donc hautement addictive.