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Nom d'un chien

Publié le par Yv

Nom d'un chien, André Alexis, Denoël, 2016 (traduit par Santiago Artozqui)...

Apollon et Hermès, légèrement ivres font un pari : donner l'intelligence humaine à des chiens et voir s'ils peuvent vivre heureux. C'est un groupe de quinze chiens qui passe la nuit dans une clinique vétérinaire qui se réveille avec conscience et langage. Les destins de ces quinze seront divers, entre ceux qui ne veulent pas céder à ces nouvelles capacités, d'autres qui comptent bien en jouer et d'autres qui observent ce que ce changement va apporter à leurs vies. Le groupe se sépare, restera dans les différents quartiers de Toronto.

Une histoire étrange mais pas totalement inédite, dans la droite ligne de Rudyard Kipling ou George Orwell. Elle est plutôt fine, complète : les quinze chiens permettent un panorama large des différentes interprétations de l'intelligence humano-canine, mais elle ne me convainc pas totalement. Pas mal de poncifs, de propos attendus, prévisibles et un peu décevants. Néanmoins, l'exercice est intéressant et la lecture itou. André Alexis donne dans la parodie de la société humaine, dans la satire animale ; il n'oublie pas évidemment d'aborder les grands thèmes : la vie, l'amour, la mort et ajoute ceux qui sont inhérents à son idée de roman : l'intelligence permet-elle de vivre mieux, plus heureux ? Et qu'est-ce qu'être heureux ? Le savoir est-il un but ? Un moyen ? Et la croyance en un dieu suprême, d'où vient-elle ? "Il croyait que le dieu qu'elle décrivait était possible, de la même manière qu'il croyait qu'une chienne perpétuellement en chaleur était une chose possible. Un maître de tous les maîtres, c'était une idée, mais une idée qui ne le concernait pas..." (p.68/69) Et quid de la sagesse ? et encore plein d'autres que j'oublie. Son roman qui pouvait s'annoncer comme drôle et décalé est surtout plus profond qu'il n'y paraît et cruel. Pas sûr que les défenseurs de la cause animale le lisent et encore moins sûr qui l'apprécient.

L'esclavage également est abordé, ou plutôt la soumission et l'exploitation des plus faibles par les plus forts, les rapports sont faussés lorsqu'un humain ne réagit pas comme il le devrait : "Ça ne ressemble pas au maître habituel. Un maître qui ne demande rien n'est pas un maître. Et s'il n'est pas un maître, cela te causera de la douleur. Un jour, tu souffriras. Il vaut toujours mieux savoir à qui on a affaire, tu ne crois pas ?" (p.103).

Question écriture, rien à dire, ni en bien ni en mal, le style est plaisant et n'a rien d'extravagant. C'est un peu mon reproche général, le bouquin n'a rien d'extravagant, j'aurais aimé plus de folie, de décalage, d'humour noir (le roman est vendu comme "hilarant et dérangeant" en 4ème de couverture), mais finalement, il traîne un peu en longueur en s'attardant sur chaque canidé devenu intelligent. Une petite déception qui pourra cependant trouver son public.

Note finale : je n'ai pas fait de confusion entre les noms de l'auteur et du traducteur, André Alexis est canadien et parle anglais, Santiago Artozqui parle aussi anglais et le traduit même en français.

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Z
Je ne voudrais pas que ma chienne le prenne mal, alors je passe mon tour
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Y
surtout si ensuite, elle tente la domination...
G
Je regarde mes chiens, ils ont l'air très heureux comme ça. Et d'une certaine manière, ce sont parfois eux qui me transfusent leur philosophie de la vie : se réjouir de tout. Alors il faudrait peut-être écrire ce livre à l'envers, en fait... ;-)
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Y
Ah oui, une bonne idée..; j'attends ton prochain texte là-dessus
A
Je te sens légèrement déçu par cette lecture.
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Y
oui, un peu j'aurais aimé plus de folie et de profondeur
K
Ce roman ne m'attirait pas particulièrement (on doit avoir le même fournisseur) , finalement j'ai bien fait. ^_^
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Y
oui le fournisseur est assez généreux, c'est le seul qui m'intéressait dans cette sélection pour son côté décalé
E
Dommage , je trouvais l'idée intéressante.
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Y
moi aussi c'est pourquoi j'avais pris le livre
C
mouais...
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Y
... bof
J
J'aurais aimé que les questions philosophiques que tu cites dans ton second paragraphe soient davantage développées. J'ai trouvé que l'action prenait souvent le pas sur la rèflexion. Oui, on retrouve les rapports de domination, soumission mais c'est aussi intrinsèque à la race canine.
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Y
je suis d'accord avec toi, il manque de la profondeur à ce livre