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Impures

Publié le par Yv

Impures, Martina Cole, Fayard noir, 2012

Retour de Kate Burrows pour ce dernier tome de la trilogie (chaque roman peut se lire indépendamment). Cette fois-ci, Kate, en semi-retraite est confrontée à un tueur de prostituées. Les péripatéticiennes de Grantley se font agresser violemment, torturer et meurent de manière atroce. Kate, consultante est chargée de donner un coup de main à Annie Carr, l'enquêtrice. Bientôt, il apparaît que Patrick Kelly, le caïd de la ville et l'ami de Kate est indirectement impliqué. C'est la séparation immédiate qui les fait souffrir tous les deux.

Je retrouve avec joie les rues et le commissariat de Grantley, quelques années après La cassure. Kate a pris des cheveux blancs, mais son caractère ne s'est pas adouci. Au contraire ! Elle est explosive, la dame ! Rigide, elle préfère quitter l'homme qu'elle aime au lieu de s'expliquer sur sa brève et légère implication dans l'enquête. Elle est de mauvaise foi, colérique, sans-gêne, elle manque de savoir vivre lorsque par exemple, après avoir quitté Patrick, elle retourne dans sa maison qu'elle loue à Annie sa collègue et amie, sans se soucier des désagréments et des états d'âme de celle-ci :

"... avec Kate, elles vivaient à deux dans un mouchoir de poche. Cela faisait deux ans qu'elle lui louait sa maison, et elle s'y trouvait bien. Mais là, Kate était revenue pour de bon et, d'intruse un peu honteuse, elle avait repris la posture de la proprio en titre. Or il n'y avait rien d'agréable à se retrouver reléguée au statut de locataire." (p.140)

Tout cela la rend terriblement humaine, sujette aux sautes d'humeur et sur-investie dans l'enquête au détriment du tact et de la diplomatie dont elle devrait faire preuve dans ses relations à autrui. "... sache que pour un enquêteur, personne ne compte tant qu'il, ou elle, cherche à résoudre une énigme. A mon époque, je me suis engueulée avec la terre entière, ou presque, et tu feras la même chose." (p.153)

Et puis, elle a son franc parler Kate, entre gouaille, jargon de flic, argot  et grossièretés, comme quoi ce n'est pas l'apanage des flics hommes. Et tant mieux. Là où je tique un peu c'est qu'entre deux jurons, entre deux aphorismes bien sentis, Martina Cole glisse des formules dignes des plus mauvais romans d'amour lorsque l'inspectrice se sent en empathie avec le témoin ou avec une collègue. Pas terrible, évitable mais finalement, pas vraiment perturbant, juste agaçant.

Ce qui me gêne en fait ce sont ces petites facilités alors que le contexte du roman est fort. Martina Cole nous entraîne dans les bas-fonds de la société anglaise, le monde des prostituées. Certes, celles dont il est question ne travaillent pas dans la rue, mais dans des appartements luxueux, mais les clients sont les-mêmes, avec leur vices, leurs faiblesses, leurs difficultés, leurs demandes particulières et leur mépris pour ces filles. Toutes issues de familles décomposés, battues, violées pour certaines, elles se retrouvent à exercer ce métier en espérant en tirer un profit pécuniaire et en sortir vite. Elles le font souvent pour survivre ou pour nourrir leurs enfants. Parce que c'est leur dernière chance de s'en sortir. Une plongée sordide, bien documentée, dans le monde des violences ordinaires : "Ma mère était dingue, mes frères avaient lâché la bonde et mon père était une brute qui tapait sur n'importe qui, du moment qu'il tapait. On a toutes été en foyers, on a toutes été suivies par les assistantes sociales. Faut pas s'étonner qu'on finisse comme des marginales. Toute notre vie, on s'est senties mises au ban de la société." (p.340) Une peinture sans fard de la société de consommation (du sexe) anglaise, de ses travers, qui est sans doute très largement répandue.

Quant à l'intrigue, elle est bâtie sur le même modèle que la précédente et se révèle passionnante mais réserve moins de surprises. Très fréquentable tout de même. Associée au contexte cette enquête policière saura plaire à ceux qui recherchent du fond et un contexte dans un polar.

Merci Lilas

 

thrillers

 

Commenter cet article
S
C'est un bon polar qui se lit agréablement.<br /> Les personnages sont parfaitement mis en valeur tout au long de l'histoire même si l'intrigue pour moi reste sans surprise.
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Y
<br /> <br /> Tout à fait, l'intrigue n'est qu'un prétexte à présenter des personnages et des situations pas toujours évidentes.<br /> <br /> <br /> <br />
C
La couverture me fait penser à une chanson de Birkin : les dessous chics c'est ne rien dévoiler du tout<br /> se dire que lorsqu'on est à bout<br /> c'est tabou<br /> les dessous chics<br /> c'est une jarretelle qui claque<br /> dans la tête comme une paire de claques<br /> ...<br /> <br /> Désolée pour ce hors sujet !
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Y
<br /> <br /> Pas si hors sujet que cela lorsque vient en tête une chanson signée Gainsbourg !<br /> <br /> <br /> <br />
C
Salut Yv<br /> J'ai fait l'impasse sur Martina Cole, en particulier sur ce roman. A te lire, j'ai peut-être eu tort, il faudra que je me penche à nouveau sur cette auteure.<br /> Amitiés.
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Y
<br /> <br /> Bonjour Claude<br /> <br /> <br /> Mis à part mes quelques réserves, c'est une série de polars plutôt plaisante et intéressante. Bon, pas la série du siècle, mais très fréquentable.<br /> <br /> <br /> A bientôt<br /> <br /> <br /> <br />
A
S'il est fréquentable, pourquoi pas ??? Tu as des lectures que je ne rencontre jamais quand je sors mon carnet en librairie ou sur un site en ligne !!! Désespérant...
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Y
<br /> <br /> C'est fait exprès, en fait je bosse directement pour les libraires, pour qu'ils vendent plus, en particulier à toi !<br /> <br /> <br /> <br />