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Le charme des après-midi sans fin

Publié le par Yv

Le charme des après-midi sans fin, Dany Laferrière, Zulma, 2016.....

Publié en 1997 à Montréal, ce sont les souvenirs d'enfance de Dany Laferrière qui replonge dans le Haïti des années 60. Après L'odeur du café, Le charme des après-midi sans fin est plutôt le temps de l'adolescence de Vieux Os - le jeune homme narrateur, double de l'auteur- et de ses copains Frantz et Rico. Les filles sont présentes, Vava celle dont Vieux Os est amoureux depuis longtemps et dont la timidité l'empêche de l'approcher, pire il se sauve quand il la voit ou tombe dans les pommes..., mais aussi sa cousine Didi, Fifi, Edna, ... Mais Haïti dans ces années-là c'est aussi un gouvernement qui n'hésite pas à recourir à la force et la tranquillité de Petit-Goâve, la ville dans laquelle Vieux Os grandit avec sa grand mère Da en sera perturbée.

Je retrouve avec plaisir Dany Laferrière et ses souvenirs d'enfance à Petit-Goâve. L'odeur du café m'avait emballé, pareil pour Le charme des après-midi sans fin, qui en plus d'être un titre très beau est à mon avis idéalement trouvé. Imaginez un après-midi au soleil, l'envie de ne rien faire, juste de profiter, du jardin, d'un bon livre, du calme, ... chacun mettant ici ce qu'il désire ; et puis que cet instant ne s'arrête pas, qu'il dure, qu'il dure... Eh bien c'est cela ce livre, le charme des ces petits moments que l'on savoure, un peu égoïstement. Dany Laferrière est plus partageur puisque c'est grâce à ses souvenirs que l'on se trouve très bien. Des anecdotes qui parfois rencontrent l'histoire de son pays. Vieux Os est assez insouciant sauf en ce qui concerne Vava qu'il ne peut ni ne sait aborder, se trouvant inintéressant. Tout garçon un peu timide sait combien c'est difficile d'aborder une belle jeune fille qui lui plaît, craignant de se prendre un râteau ou une honte terrible, une de celles dont on ne se remet que difficilement et qui rend encore plus ardue l'histoire suivante... C'est en grandissant qu'il s'apercevra que finalement, la fille ne le trouvait pas si nul et qu'elle aurait bien aimé un rapprochement...

Mais ce roman est aussi une grande déclaration d'amour à Da la grand-mère qui a élevé Vieux Os et qui est le personnage le plus important à ses yeux et pour quasiment tous les habitants de Petit-Goâve. Beaucoup passent boire un café chez elle -le meilleur à des kilomètres à la ronde-, sur la galerie du 88 de la rue Lamarre. Elle sait ainsi presque tout ce qui se passe dans la ville sans bouger de chez elle, et comme en plus elle est fine et intelligente, le reste, elle le devine.

Encore une fois, je suis sous le charme de l'ambiance, de l'atmosphère décrites par le romancier. Il a le sens de la formule, de la tournure de la phrase qui fait sourire :"Les mères croient que Tony est un bon garçon parce qu'il a un visage d'ange et des "manières exquises", comme dit madame Jérémie, la mère de Charline, celle qui a les plus gros seins de l'école des Sœurs. Alors que ce type est un véritable tueur. Tony ne fait jamais de cadeau. La première fois qu'il rencontre une fille, il l'emmène à coup sûr à la cabane. Mais c'est Frantz, la terreur des mères. Alors que le problème de Frantz, c'est qu'elles veulent toutes l'emmener à la cabane. Ah, les mères !" (p.39/40) Ou bien encore cette phrase, proverbe ou aphorisme, en tous cas très imagée et compréhensible : "Il pleut à boire debout" (p.74)

Quelle belle idée de Zulma de rééditer ces deux romans en poche, à lire à la suite, c'est mieux sans doute : L'odeur du café et Le charme des après-midi sans fin.

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Z
Comme Noukette, mais je compte bien réparer cet oubli
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Y
Tu peux commencer par ces deux-là
N
Et dire que je n'ai jamais lu Dany Laferrière...
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Y
Ah la la... quel dommage !
A
J'hésitais un peu à lire cet auteur que je trouve au demeurant fort sympathique et plein d'esprit, je note les deux titres du coup, c'est malin, tsss ! ;)
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Y
oui, mais ils sont en poche...
A
Ma libraire me l'avait conseillé. Pour mon prochain massage chez elle, alors.
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Y
Ah ? Tu te fais masser chez ta libraire ? Étonnant mélange des genres, mais pourquoi pas ?
H
Je note "l'odeur du café" alors ?
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Y
les deux ma chère, ils se suivent (et sont en poche)
C
j'ai beaucoup aimé ce titre !
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Y
j'en suis ravi, je vais voir si je peux creuser l'œuvre de l'auteur
K
Jamais lu cet auteur, mais en choisissant bien, ça pourrait me plaire...
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Y
Ce livre ainsi que L'odeur du café qui se ressemblent sont absolument formidables, tu devrais essayer