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Ici meurent les loups

Publié le par Yv

Ici meurent les loups, Stéphane Guyon, La Différence, 2015....,

Stanislas et Matthias, de nuit, se glissent dans un hangar d'un fermier du coin pour y voler un fusil, celui de Johnny, le fils de la famille et camarade de classe de Matthias. Stanislas, 18 ans, lycéen, Matthias, 15 ans et Ladislas, 13 ans vivent difficilement avec leur père, homme taciturne et violent qui ne cesse de les rabrouer, de les rabaisser. Leur mère est soumise, quasi absente. Si Stanislas a quitté la maison, il y revient pour les vacances. Matthias est celui qui vit le moins bien dans cette famille, celui qui est en proie à une grande violence interne. Ladislas lui, est amoureux, d'une jeune fille qui vit seule avec son petit frère dans une pauvre cabane.

Un roman noir magistralement écrit dans lequel le lecteur doit faire une part du travail, celle de relier tous les éléments entre eux, ce qui se fait presque sans que l'on s'en rende compte, aisément. L'ambiance est sombre, la violence sourde, cette famille est le lieu idéal pour les rancœurs, les vengeances, la volonté de faire du mal. C'est sans doute au départ la maladresse qui entraîne tout cela, la peur de mal faire, de vouloir dresser plus qu'éduquer : "Il (le père) n'avait pas trouvé la façon de leur parler. Il croyait à cette chose que certains croient et qui veut que les enfants apprennent d'abord à parler le langage de leur père avant même de trouver le leur. Très tôt,la résistance de Matthias était devenue pour lui une tare inavouable, une chose sur laquelle il n'avait aucune prise et contre quoi il n'avait jamais pu s'empêcher de s'acharner." (p.35) Stéphane Guyon situe son roman dans une famille rustique et pauvre dans laquelle tout se règle par la violence physique ou psychique, la discussion est peu présente contrairement à la rébellion et au souhait de quitter la maison rapidement. Assez peu de descriptions des lieux et des personnes, mais les images viennent facilement à la lecture : le lecteur se retrouve un peu dans la position de l'oncle -le frère du père- quasiment aveugle qui néanmoins "voit" tout et "entend" tout -il perd aussi l'audition- et qui a une idée très précise des faits et gestes des uns et des autres et de leurs conséquences ; il est le refuge et la source d'énergie pour Stanislas. Tout ceci pour la première partie du livre.

La deuxième partie nous fait rencontrer la jeune fille et son petit frère Samuel : ils vivent quasiment seuls dans une cabane fabriquée par leur père, veuf, qui ne vient presque plus les voir. Elle s'occupe de Samuel, s'accroche à sa relation naissante avec Ladislas et espère quitter ce lieu pour la ville. Elle remarque que des hommes les observent du haut de la butte qui surmonte leur logement. Inquiète sans être apeurée, elle souhaite quand même partir au plus vite. Là, dans cette masure, on est loin de la violence, tout est amour, préoccupation de 'autre et bienveillance. Un havre de paix pour Ladislas.

Stéphane Guyon réussit à bâtir une ambiance garantie noire, un sentiment de malaise tout au long du roman, d'impuissance parce que l'on sent qu'il va se passer quelque chose mais on ne sait pas quoi -à condition de ne pas lire la quatrième de couverture- et qu'on n'y peut rien. La relation entre les trois frères est bien vue, celle avec le père autoritaire itou ainsi que la quiétude de la vie -difficile pourtant- de la jeune fille et de Samuel. Belle écriture qui fait la part belle aux personnages, aux relations entre eux, à la nature ; les dialogues sont réduits à leur plus simple expression, les échanges verbaux n'étant pas le fort des garçons et de leur père.

Un troisième titre très convaincant pour la collection noire de La Différence, avec une présentation à la fois sobre et efficace sur les couvertures.

Commenter cet article
V
c'est très noir en ce moment chez toi :)
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Y
Oui, vraiment un auteur à découvrir et à suivre
Y
Oui, et le pire, c'est que j'aime cela...
K
Je suis en mode 'anglais', sous le soleil...Pas de noir, please
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Y
No black, Ok
C
Salut Yves.<br /> Quand, comme ici, un polar est bien écrit et possède son ambiance personnelle, c'est très convaincant. Un titre à découvrir, oui.<br /> Amitiés.
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Y
Salut Claude, oui, une belle ambiance, une collection qui débute très bien<br /> Amicalement,
Z
Pas du tout envie de noir très noir. Pour une fois, non tu ne me tenteras pas !
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Y
Ah zut alors...
A
Intéressant, ton billet est éloquent et le titre est beau ! ;)
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Y
Une belle collection qui débute
E
J'aime beaucoup ce genre d'atmosphères... tout comme cet éditeur. Je sais donc ce qu'il me reste à faire CQFD
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Y
Tu as raison c'est une atmosphère, une ambiance très intéressante. Je te souhaite une bonne lecture, un bon éditeur qui se lance dans une nouvelle collection demande forcément qu'on s'y arrête un instant
G
Ça a l'air vraiment bien, mais le noir, là, juste maintenant qu'il se met à faire beau... Je note pour plus tard.
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Y
C'est pourtant pas mal l'été un bon polar ou roman noir
A
Mais que vient faire l'oiseau là dedans ?
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Y
ça a un rapport avec l'histoire, mais je laisse un peu de suspense...